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PRIX 2022

Pour l’année 2022, l’Académie a décerné 27 prix qui récompensent :

  • 18 ouvrages dont 7 collectifs ;
  • 2 thèses ;
  • 7 personnalités.

Une dizaine de lauréats sont de Bordeaux ou de la région. De même, une dizaine de ces prix 2022 traitent d’un sujet lié à Bordeaux ou à la Région Nouvelle Aquitaine.

8 prix ressortent du domaine scientifique, 4 concernent la médecine, 2 l’environnement, 7 prix sont liés à l’histoire.

Les attributions de ces prix 2022 résultent d’un travail collectif des membres de l’Académie : une vingtaine de membres, résidants, associés et correspondants, ont présenté des propositions qui ont été examinées en séance privée le 15 septembre 2022.

Les lauréats ainsi que les éditeurs concernés ont été avisés par lettre, accompagnée d’une plaquette de présentation. Des séances de remises de ces prix ont été organisées en décembre 2022 puis au cours du premier semestre 2023.

Lors de ces remises, chaque lauréat a reçu des mains d’un académicien un diplôme et une médaille de l’Académie gravée à son nom avec le nom du prix.

Le Grand prix de l’Académie sera remis par monsieur Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et protecteur traditionnel de l’Académie, lors d’une cérémonie dans les salons de l’Hôtel de ville le mardi 26 septembre 2023.

Vous pouvez également consulter la brochure de présentation de ces prix 2022 en cliquant sur ce lien : Brochure Prix 2022

 

LISTE DES PRIX 2022 DE L’ACADÉMIE

GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE. Daniel Choquet. Neurobiologiste, directeur de trois établissements de recherches à Bordeaux, membre de l’Académie des sciences.

PRIX D’HONNEUR. Au dessinateur Sempé à titre posthume pour l’ensemble de son œuvre.

PRIX DE LA FONDATION CHARLES ET ARLETTE HIGOUNET. Nathalie Crouzier Roland pour sa thèse : Mémoires écrites et politiques documentaires des villes de l’Aquitaine sous obédience anglaise (XIIIe-XVe siècles).

PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME DE BORDEAUX MÉTROPOLE. L’ABC de Bordeaux. Numéro hors-série de la revue du Festin.

PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE. Carles Diaz. Polyphonie landaise précédé de Paratge. Poèmes. Editions Gallimard.

PRIX BRIVES-CAZES. Stéphane Barry et Marie Fauré. Préservez-nous du mal ! Les Bordelais face à la peste, XIVe-XVIIIe siècles. Editions Memoring.

PRIX FERNAND DAGUIN. Thierry Paquot. Philosophe de l’urbain. Mesure et démesure des villes aux éditions du CNRS et pour l’ensemble de son œuvre.

PRIX JEAN-RENÉ CRUCHET. Michael S. Gazzaniga. L’instinct de conscience. Comment le cerveau fabrique l’esprit. Traduit de l’américain par Frédéric Sarter. Editions Odile Jacob.

PRIX LOUIS DESGRAVES. Alexandre Dupilet. Le Régent Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil aux éditions Tallandier et pour l’ensemble de son œuvre.

PRIX MANLEY BENDALL. Baptiste Klein pour sa thèse : Caractériser les systèmes planétaires des naines rouges actives avec SPIRou.

PRIX HUBERT GRÉPINET. Une bourde en France au XXe siècle. Le traitement psychanalytique de l’autisme infantile. Sous la direction de Jean-Pierre Luauté et Serge Christin. Editions Fiacre.

PRIX EDMOND BASTIDE. Cosquer Méditerranée. La grotte restituée. Sous la direction de Bastien Cornu et Laurent Delbos. Editions Errance.

PRIX ANDRÉ VOVARD. Vice-amiral d’escadre Eric Scherer. Les marins français 1789-1830. Etude du corps social et de ses uniformes. Edition conjointe Bernard Giovanangeli et Musée national de la Marine.

PRIX CHASSIN DUFOURG. La guerre d’Indochine – Dictionnaire. Ouvrage collectif sous la direction d’Ivan Cadeau, François Cochet et Rémy Porte. Edité conjointement par les éditions Perrin et le ministère des Armées.

PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD. Hervé Le Treut climatologue, pour l’ensemble de ses travaux et pour son dernier ouvrage Climat et civilisation. Un défi incontournable aux éditions Erès.

PRIX JACQUES PAUL. Benoit Heimermann. Le mystère Lindbergh. Un aviateur dans la tourmente. Editions Stock.

PRIX GUY LASSERRE. Aventures et voyages de Pero Tafur. Traduit de l’espagnol par Jacques Paviot, Florence Serrano et Julia Roumier. Presses universitaires du Midi.

PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD. Bordeaux et ses vignobles. Un modèle de civilisation. Sous la direction du professeur Raphaël Schirmer. Editions Sud Ouest.

PRIX DES ARTS. Alix Audurier Cros, Dominique Ganibenc et Olivier Liardet.  L’œuvre des Garros en Occitanie (1860-1930). Le rayonnement d’une agence d’architectes bordelais. Collection Duo de la DRAC Occitanie.

PRIX DES BELLES-LETTRES. Philippe Dazet-Brun. Mauriac dans l’Église catholique ou la fidélité aux aguets. Editions du Cerf.

PRIX D’ÉCONOMIE. David Djaïz. Le Nouveau modèle français. Allary éditions.  

PRIX DE L’INNOVATION SCIENTIFIQUE. Georges Hadziioannou, professeur à l’université de Bordeaux, titulaire de la chaire Matériaux fonctionnels avancés pour les technologies de l’information, de la communication et des énergies émergentes.

PRIX DE MUSIQUE. Matthieu Franchin, musicien chercheur, pour sa découverte de la partition inédite de la musique de scène originale du Mariage de Figaro de Beaumarchais.

PRIX DU PATRIMOINE. Dictionnaire illustré de Buglose. 400 ans du pèlerinage. Sous la coordination de Madeleine Jogan. Edition Société de Borda.

PRIX DE PHYSIQUE. Laurent Cognet, physicien, directeur de recherches dans les domaines des nanosciences, de l’optique et de la bio imagerie, professeur de l’université de Bordeaux.

PRIX SPÉCIAL. Jean Cambier. Un cerveau, deux hémisphères pour quoi  faire ? Editions Fiacre.

PRIX SPÉCIAL. Catherine d’Oultremont et Marina Solvay. Fantaisies quantiques. Dans les coulisses des grandes découvertes du XXe siècle. Editions Saint-Simon.

GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE
Daniel Choquet
Neurobiologiste

Le Grand prix de l’Académie récompense chaque année une personnalité, une œuvre ou l’ensemble d’une œuvre dans le domaine des sciences, des arts ou des belles-lettres.

Ces dernières années l’Académie a décerné son Grand prix à un journaliste, puis à des éditeurs et des historiens. Elle a souhaité pour cette année 2022 l’attribuer à un lauréat choisi dans le domaine scientifique : Daniel Choquet, neurobiologiste, directeur de trois établissements de recherches à Bordeaux, membre de l’Académie des sciences.

Diplômé de l’Ecole Centrale de Paris, Daniel Choquet a été attiré très tôt par les neurosciences, il a obtenu son doctorat à l’Institut Pasteur en étudiant les canaux ioniques dans les lymphocytes. Depuis 1988, il est chargé de recherches au CNRS, spécialisé sur les neurones. Il a effectué un stage postdoctoral dans la prestigieuse université américaine de Duke, où il a démontré que les cellules peuvent sentir et répondre à la tension extracellulaire. En 1996, il crée son groupe à l’Institut des neurosciences de Bordeaux et lance un programme interdisciplinaire sur l’utilisation de l’imagerie à haute résolution pour étudier les récepteurs de neurotransmetteurs dans les cellules neurales. Il dirige depuis 2011 l’Institut interdisciplinaire des neurosciences et le Centre d’imagerie de Bordeaux. Il est également le directeur du Centre d’excellence BRAIN : Bordeaux Region Aquitaine Initiative for Neuroscience. Ces établissements regroupent des chercheurs de toutes disciplines, physique, chimie, biologie, informatique, afin de pouvoir répondre au grand défi que représente la compréhension du fonctionnement du cerveau.
Daniel Choquet a découvert que les récepteurs des neurotransmetteurs sont en mouvement constant dans la membrane neuronale, modifiant ainsi la vision classique de la synapse, zone située entre deux neurones assurant la transmission des informations de l’une à l’autre. Il s’attache actuellement à comprendre le rôle de ces récepteurs dans les maladies neurodégénératives telles que Parkinson, Alzheimer et Huntington.

Ce Grand prix 2022 de l’Académie sera remis officiellement par le maire de Bordeaux, monsieur Pierre Hurmic, protecteur de l’Académie, dans les salons de l’Hôtel de ville le 26 septembre 2023.

LES DERNIERS GRANDS PRIX DE L’ACADÉMIE
– 2015 : professeur Michel Haïssaguerre, cardiologue, électro-physiologiste, spécialiste de la fibrillation cardiaque.
– 2016 : Jean-Claude Guillebaud, journaliste, écrivain, essayiste et éditeur.
– 2017 : Michel Serres de l’Académie française.
– 2018 : Bernard Larrieu, créateur et président des éditions de l’Entre-deux-Mers.
– 2019 : Jean-Paul Michel, auteur et directeur des éditions William Blake and Co.
– 2020 : Anne-Marie Cocula, historienne, professeur d’université.
– 2021 : Collection des atlas historiques des villes de France, sous la direction de Sandrine Lavaud et Ezéchiel Jean-Courret, aux éditions Ausonius.

PRIX D’HONNEUR
Au dessinateur Sempé
à titre posthume pour l’ensemble de son œuvre

Tout le monde ne sait pas que Sempé est né à Pessac en 1932 et qu’il n’a quitté Bordeaux qu’à l’âge de 19 ans. Attiré très jeune par le dessin humoristique, son premier dessin a été publié par le journal Sud Ouest le 29 avril 1951.
C’était le début d’une extraordinaire carrière de dessinateur : au total plus de quarante albums, dont la très célèbre série du Petit Nicolas réalisée avec le non moins célèbre scénariste René Goscinny rencontré en 1954. Tous deux disent s’être inspirés de souvenirs d’enfance : pour Sempé on peut penser que certaines de ces histoires datent de sa scolarité à Bordeaux. C’est Sud Ouest Dimanche qui avait repris la publication du Petit Nicolas en 1960 et qui en a ainsi fait la célébrité. En lui décernant un prix d’honneur à titre posthume, l’Académie veut rendre ainsi un hommage officiel à un Bordelais connu dans le monde entier : ses albums de dessins humoristiques ont été publiés dans une vingtaine de pays et la série du Petit Nicolas dans une quarantaine de pays…

PRIX DE LA FONDATION CHARLES ET ARLETTE HIGOUNET
Nathalie Crouzier Roland
pour sa thèse : Mémoires écrites et politiques documentaires des villes de l’Aquitaine sous obédience anglaise (XIIIe-XVe siècles)

Charles Higounet, membre de l’Académie de 1960 à 1988, grand médiéviste, spécialiste de l’histoire de l’Aquitaine, et son épouse, Arlette Higounet-Nadal, également historienne du Moyen Âge, première femme élue à l’Académie de Bordeaux en 1990, ont institué un prix d’histoire doté par une Fondation qui récompense l’auteur d’une thèse ou d’un travail de recherches sur l’histoire de la Grande Aquitaine au Moyen Âge.

Cette thèse a été soutenue le 18 décembre 2021 à Bordeaux dans le cadre de l’École doctorale Montaigne-Humanités, en partenariat avec l’Institut de recherches Ausonius.
Du XIIIe au XVe siècle, les principales villes de l’Aquitaine sous obédience anglaise, Bordeaux, Blaye, Bourg, Cadillac, Libourne, Saint-Émilion, Saint-Macaire, développèrent des formes nombreuses et variées de pratiques documentaires : copies d’actes royaux, constitution de dossiers de procédure, rouleaux, chirographes, pancartes, cartulaires… Qu’elles soient érigées en communes ou qu’elles soient demeurées sous domination seigneuriale, ces villes constituèrent ainsi des fonds d’archives qui traduisent une affirmation identitaire et la construction d’une mémoire communautaire. Les identités et mémoires émanant de ces fonds d’archives et de ces pratiques documentaires soulignent la composition sociale de ces villes, leurs ambitions politiques et commerciales. Elles permettent également de cerner les relations, souvent conflictuelles, entre ces communautés urbaines, leurs principales préoccupations ou encore l’hégémonie de la Jurade. L’étude de ces fonds permet d’appréhender la relation directe entretenue par ces communautés avec les souverains anglais, parfois au détriment de l’administration royale française. La construction identitaire et mémorielle semble avoir aussi comporté la disparition des actes les plus défavorables aux intérêts de la ville, voire l’apparition opportune de documents dont il n’existe plus de traces dans les archives anglaises.

Ce prix 2022 de la Fondation Charles et Arlette Higounet a été remis à madame Nathalie Crouzier Roland lors de la séance de fin d’année du 15 décembre 2022 par M. Jean-Pierre Poussou, membre résidant, avec la dotation de la Fondation.

PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME BORDEAUX MÉTROPOLE
L’ABC de Bordeaux
Numéro hors-série de la revue Le Festin.

Ce prix, créé par le Syndicat d’initiative en 1957, récompense un ouvrage historique, littéraire ou artistique, ayant pour sujet principal Bordeaux et contribuant au développement touristique de la ville. Il est doté par l’Office de tourisme et des congrès de Bordeaux métropole.

L’ABC de Bordeaux est un numéro hors-série des éditions de la revue Le Festin. C’est à la fois un dictionnaire amoureux de Bordeaux, un almanach pratique, une encyclopédie ludique qui est très agréable à lire ou à parcourir au gré de ses questions sur Bordeaux. De nombreux chiffres clés étayent cet ouvrage riche en commentaires. Il couvre des champs très larges : patrimoine architectural, art, culture bordelaise, écrivains et personnages célèbres, sociétés industrielles qui ont marqué Bordeaux… Il intéresse un très large public, du nouvel arrivant aux bordelais de souche, ainsi que les touristes de passage. Parmi les auteurs de cet ouvrage figurent des historiens de l’art, des conservateurs, des spécialistes des antiquités ou des objets d’art, un philosophe : Delphine Costedoat, Dominique Dussol, Patrick Rödel, Marc Saboya, Jacques Sargos…

Ce Prix de l’Office du tourisme Bordeaux Métropole 2022 sera remis, après le Grand prix, au directeur de la revue Le Festin, M. Xavier Rosan, par Mme Brigitte Bloch, conseillère municipale et présidente de l’Office du tourisme dans les salons de l’Hôtel de ville le 26 septembre 2023.

PRIX DU MARQUIS DE LA GRANGE
Carles Diaz
Polyphonie landaise précédé de Paratge. Poèmes
Editions Gallimard (Collection Blanche)

Adélaïde-Edouard Le Lièvre, marquis de La Grange, membre de l’Institut et de l’Académie de 1856 à 1876, avait légué en 1871 une rente destinée à un prix annuel devant être décerné alternativement à l’auteur d’un livre ou d’un mémoire sur la langue gasconne.

Ce livre, écrit par un poète et écrivain Carles Diaz, né au Chili, se compose de deux parties : un recueil de 35 poèmes regroupés sous un titre commun Paratge et 26 courts textes en prose. Dans une note liminaire l’auteur explique le choix de ce diptyque. Dans l’ouvrage, les poèmes de Paratge précèdent la prose de Polyphonie. En réalité les poésies sont plutôt un prolongement des textes sur la forêt landaise en prose. Le terme Paratge est un mot occitan, intraduisible, mais très utilisé par les troubadours dans leurs œuvres. Il est en fait au cœur de la culture occitane. On peut y mettre l’honneur, la vertu, l’amour, le respect des êtres, des autres et de soi, dans tous les domaines : c’est un très beau mot. Ce livre dont l’auteur franco chilien est un grand amoureux des Landes est publié dans la Collection blanche, véritable collection « griffe » des éditions Gallimard.

Ce prix a été remis à M. Carles Diaz lors de la séance du 23 mars 2023, par le président de l’Académie, M. Claude Jean. En remerciant l’Académie, M. Carles Diaz a prononcé cette courte allocution :
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie nationale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux,
Vous m’honorez aujourd’hui du prix marquis de la Grange, prix destiné à mettre en relief notamment un livre sur la langue gasconne. Permettez-moi de vous en remercier et de partager avec vous une courte réflexion. Je n’ai pas écrit ce livre en gascon, mais pourtant la langue d’oc est bien présente dans ce recueil de même que dans mon précédent livre Sus la talvera, traduit par métaphore comme En Marge. Le rapport à l’écriture est pour moi tellurique ; ma façon de l’approcher est olfactive, tactile, intuitive. Pour écrire, je sens, je touche, j’imagine. Et naturellement, pour moi, l’écrit doit s’ancrer dans un lieu, dans une mémoire, dans un destin commun. Il doit s’inscrire dans l’espace et le temps, tenir compte des éléments du monde, passé, présent et à venir, ainsi que de ses lignes de force. Je veux dire par là que tout en étant attaché à une source, un texte capable de délivrer une parole nouvelle peut devenir une expression universelle et son auteur se découvrir en tant qu’humain aux mille visages. Écrire, c’est convoquer une présence, c’est contempler les rythmes cycliques de l’histoire, accepter sans béatitude l’obscurité du monde, s’interroger sur l’incertitude de ses propres réflexions, émotions et fantômes. C’est une question qui me poursuit et m’entrave depuis toujours. J’écris pour combattre l’effacement, pour faire reculer la mort ; je crée pour faire émerger ce qui n’a pas encore de forme, en pensant souvent contre soi, en écrivant malgré soi, pour que les mots ne soient pas « Moi », mais « eux » ; en m’efforçant de faire partie de l’humanisme le plus vigoureux et le plus fin qui trouve sa source dans la notion même du Paratge. Le paratge : dans ce livre, j’ai voulu faire de ce concept l’arrière-fond de ces poèmes déployés dans les Landes de Gascogne.
Le Paratge est l’un des principaux concepts de la civilisation occitane du moyen âge, et signifiait le principe d’égalité, de droiture et d’honneur ; la valeur d’un humain ne dépendant pas de sa naissance, mais bien de sa noblesse de coeur et de son mérite. Cette « noblesse d’âme » désigne la qualité morale essentielle pour être au monde, pour modeler sa vie avec exigence et devenir pleinement humain, un humain tel qui auraient pu le définir la philosophe Simone Veil, Montaigne ou encore Albert Camus. La langue d’Oc nous a également laissé les concepts de Prètz : la valeur spirituelle, l’art de vivre ; de Convivencia : le vivre ensemble dans le respect des différences en termes d’égalité ; la Larguesa : un idéal de vie sociale fondé sur le don de soi et la capacité de penser et d’agir, opposé au Cobeitatz (cupidité, convoitise) ; la Mesura : la tempérance et la raison ; puis la Fin’Amor : l’amour pur, un idéal de la société médiévale occitane. Ces valeurs sont d’actualité, car elles nous permettent de penser l’état du monde, un monde abîmé à partir duquel chacun doit à présent agir ; à partir duquel il faut penser la place du vivant et protéger la nature qui nous entoure.
Dans les Landes de Gascogne, j’ai saisi les variations de la lumière, mais aussi un point abstrait où coïncidaient la mort et le recommencement, l’éternité, le rêve, le désir et le souvenir. Ce sentiment m’a donné l’étrange impression d’être dans les pas d’une vie supérieure dans laquelle quelque chose me poussait à écrire. Sans que je puisse en définir l’origine, ni sa surface, ce point « mobile » était le terrain où tout y était concentré, l’archétype même d’un monde sensible. Ce monde m’a parlé dans sa langue, ravalée depuis des décennies au rang de patois. Le gascon est un horizon toujours possible pour la pensée, les rêves et les désirs. Plus qu’une référence à un passé idéalisé, j’aime à penser que l’accent de nos régions est le contraire absolu d’un régionalisme étriqué et témoigne d’une volonté d’existence sociale et de quelque chose de singulier et vivant, en phase avec son époque, prônant notamment l’ouverture aux autres. Il suffit de revoir notre histoire, d’écouter les troubadours Aquitains pour comprendre qu’il ne pourrait pas en être autrement. Je suis un écrivain qui défend la pluralité linguistique comme d’autres la biodiversité. Je crois que toute langue véhicule une culture dont elle est productrice et à la fois le produit. C’est avec et par la langue que l’on construit le monde, que l’on nomme l’univers et qu’on tisse la mémoire des peuples ; chaque langue est une fenêtre ouverte donnant sur le monde ; chaque langue est un fondement, au même titre qu’un visage, une théogonie ou une identité singulière.
Carles Diaz

PRIX BRIVES-CAZES
Stéphane Barry et Marie Fauré
Préservez-nous du mal ! Les Bordelais face à la peste, XIVe-XVIIIe siècles.
Editions Memoring

Joseph-Emile Brives-Cazes, conseiller à la Cour d’Appel de Bordeaux et membre de l’Académie de 1869 à 1887, avait institué dans son testament en 1882 un prix pour récompenser un travail sur un sujet relatif à l’histoire de
l’ancienne Aquitaine ou de Bordeaux.

Bordeaux a été très fréquemment frappé par la peste du 14ème au 18ème siècle.
Stéphane Barry et Marie Fauré étudient de manière exhaustive ce fléau : fréquences des épidémies, origines, moyens et mesures pour lutter contre cette maladie si redoutée, conséquences économiques, démographiques, sociologiques…
La peste a frappé pour la première fois Bordeaux en mai 1348. Au 16ème siècle elle réapparaissait quasiment tous les ans, avec une forte crise en 1585. Puis le rythme s’est ralenti au début du 17ème siècle. La peste frappait plutôt des quartiers, des paroisses, des villages aux alentours de Bordeaux, avec peu d’explosion des contagions dans toute la ville : il n’y a jamais eu l’équivalent de la Grande peste à Marseille en 1720. Les épidémies arrivaient par l’intérieur des
terres, par la Garonne, et non par le port. Les mesures prises contre la peste, tant redoutée, étaient diverses : contrôles à Pauillac et à Langon, billets de santé, isolation, aération, hôpitaux de peste, fuite hors les murs.
Stéphane Barry est docteur en histoire, auteur de plusieurs travaux consacrés aux épidémies. Il est le fondateur des rencontres du Café historique de Bordeaux et directeur des éditions Mémoring. Marie Fauré est historienne médiéviste.

Ce prix Brives-Cazes a été remis à M. Stéphane Barry et à Mme Marie Fauré par le professeur Jacques Battin, membre résidant, lors de la séance de fin d’année le 15 décembre 2022.

PRIX FERNAND DAGUIN
Thierry Paquot
philosophe de l’urbain.
Mesure et démesure des villes aux éditions du CNRS
et pour l’ensemble de son œuvre.

Fernand-Eugène Daguin, professeur de géologie a été membre de l’Académie de 1943 à 1948. Un lycée à Mérignac porte son nom. Le prix Fernand Daguin récompense un ouvrage consacré aux sciences et à l’environnement.

Docteur en économie, Thierry Paquot a enseigné ou enseigne dans différents établissements : universités, Ecole d’architecture de Paris, Institut d’urbanisme de Paris… Il a occupé plusieurs postes dans les médias consacrés à l’urbanisme et à l’environnement. Il a dirigé la revue Urbanisme pendant 18 ans. Il a écrit des dizaines d’ouvrages. Les deux derniers, Désastres urbains, les villes meurent aussi (2019) et Mesure et démesure des villes (2020) sont une profonde réflexion sur les villes et leurs territoires, de Platon au philosophe Ivan Illich. Thierry Paquot y met en exergue les déséquilibres sociaux, économiques et écologiques, aggravés. Il décrit les désastres urbains des cinquante dernières années : grands ensembles, centres commerciaux, gratte-ciel, projets tel que celui du Grand Paris. Chaque fois, ces projets urbains artificiels et démesurés sont menés au nom du progrès, sans recul, sans considération de l’environnement. Ils aboutissent à des désastres environnementaux, à l’enfermement des hommes, à la perte des échanges. Dans ses ouvrages, Thierry Paquot propose des pistes concrètes pour définir une nouvelle urbanité, respectueuse des humains, de la société, des territoires et de l’environnement.

PRIX JEAN-RENÉ CRUCHET
Michael S. Gazzaniga
L’instinct de conscience. Comment le cerveau fabrique l’esprit
Traduit de l’américain par Frédéric Sarter
Editions Odile Jacob

Jean-René Cruchet, médecin pathologiste et pédiatre, était titulaire de la chaire
de pédiatrie de Bordeaux. Ses travaux portaient sur l’enfance délinquante et anormale, sur les arriérés scolaires et sur les maladies nerveuses chez les enfants. Elu à l’Académie en 1931, il a fondé un prix destiné à récompenser les
auteurs d’ouvrages de médecine.

Le professeur américain Michael S. Gazzaniga est un chercheur en neurosciences cognitives, directeur du Center for the study of the mind à l’université de Californie. Il a fondé et dirige le Law and Neuroscience Project de la MacArthur Foundation ; il est membre de plusieurs académies scientifiques américaines.
Comment le cerveau fabrique-t-il l’esprit ? Comment la matière, des atomes
aux cellules, crée-t-elle le foisonnement des mondes qui se trouvent dans notre
tête ? La conscience est une énigme depuis des millénaires. Au siècle dernier, la science a fait de grandes percées dans la connaissance du cerveau, mais de multiples questions sont toujours présentes. Dans son livre, Michael S. Gazzaniga, pionnier des neurosciences, fait dialoguer la recherche la plus récente et l’histoire des conceptions de l’esprit pour offrir une vue d’ensemble de ce que la science a révélé sur la conscience. L’idée émise il y a plusieurs siècles que le cerveau est une machine, a conduit à des hypothèses sur les relations entre l’esprit et le cerveau qui occupent encore aujourd’hui scientifiques et philosophes. Michael S Gazzaniga affirme que ce modèle est à revoir. De nouvelles recherches suggèrent qu’il serait en fait une confédération de modules indépendants fonctionnant ensemble. Comprendre comment la conscience peut émaner d’une telle organisation oblige à revenir aux sources de la physique et du passage de l’inanimé au vivant, si l’on veut espérer combler le fossé entre le cerveau et l’esprit. Captivant, accessible, inspiré d’une vie entière de chercheur d’avant-garde, L’Instinct de conscience pose les jalons.

Ce prix Jean-René Cruchet a été remis au traducteur de cet ouvrage, M. Frédéric Sarter, par le professeur Joël Dehais, membre résidant, lors de la séance du 23 mars 2023.
Le professeur Michael S. Gazzaniga qui réside à Santa Barbara en Californie a adressé une lettre de remerciements à l’Académie.

PRIX LOUIS DESGRAVES
Alexandre Dupilet
Le Régent Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil  aux éditions Taillandier
et pour l’ensemble de son œuvre

Louis Desgraves, bibliothécaire et historien, membre de l’Académie à partir de 1955, est à l’origine de ce prix destiné à un ouvrage consacré à l’histoire du livre, à l’histoire des Lumières ou à celle de Bordeaux.

Docteur en histoire, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Alexandre Dupilet est le spécialiste incontestable de la régence de Philippe d’Orléans. Il est l’auteur de La Régence absolue et de la biographie du Cardinal Dubois. Dans la Régence absolue, il analyse le fonctionnement du système de gouvernement mis en place par le Régent, système de gouvernement par conseils. Fondé sur un travail d’études d’archives jamais exploitées, il a été ainsi le premier historien à analyser ce système, baptisé polysynodie. Avec Le cardinal Dubois, il présente la biographie d’un personnage hors du commun, véritable génie politique.
En s’appuyant sur les dernières avancées de la recherche, Alexandre Dupilet propose dans son dernier ouvrage Le Régent Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil un portrait profondément renouvelé de ce prince qui marqua tant l’époque de son empreinte et qui est devenu pour l’Histoire, le Régent, donnant son nom à la période de son gouvernement et à cette époque : la Régence.

PRIX MANLEY BENDALL
Baptiste Klein
pour sa thèse : Caractériser les systèmes planétaires des naines rouges actives avec SPIRou

Nicolas Bendall Manley, dit Manley Bendall (1876-1966), était vice-président de la Société d’océanographie de France et membre correspondant de l’Académie de marine. En 1962, il avait proposé à l’Académie de doter chaque année d’une médaille d’honneur un prix couronnant un ouvrage sur l’astronomie.

La thèse de Baptiste Klein s’inscrit dans le cadre de la recherche de planètes autour des étoiles de notre galaxie, plus précisément sur la détection de planètes autour d’étoiles plus petites et plus froides que le Soleil. Dans ce type de système planétaire, les planètes tournent sur des orbites plus proches de l’étoile centrale que dans le cas du Soleil et sont a priori plus faciles à détecter. Cependant, ces étoiles sont en général très magnétiques et soumises à des éjections permanentes de matière, ce qui rend la technique de détection plus complexe. Baptiste Klein s’est focalisé sur les possibilités de l’instrument SPIRou installé à Hawaï et dont une réplique se trouve au Pic du Midi. Le spectropolarimètre infrarouge (SPIRou) est un spectrographe qui permet d’effectuer des mesures de vitesse radiale sur les étoiles de faible masse avec une précision suffisante pour détecter des planètes de la taille de la Terre. En plus de la détection de planètes dans le voisinage solaire, plusieurs autres projets scientifiques sont envisagés avec SPIRou, dont l’étude de l’atmosphère de certaines exoplanètes lorsqu’elles passent devant leur étoile. La détection de planètes autour d’étoiles moins massives que le Soleil est intéressante pour la recherche des possibilités de vie extra-terrestre. En effet ces planètes autour de petites étoiles moins chaudes ont une probabilité plus importante de contenir de l’eau liquide, propice à la vie, l’eau s’évaporant moins.
Baptiste Klein est déjà l’auteur d’un nombre important de publications dans des revues scientifiques de haut niveau et il est fréquemment cité par des astrophysiciens du monde entier. Il est actuellement à Oxford où il poursuit ses travaux sur le sujet de sa thèse très importante pour l’évolution générale des connaissances sur les systèmes planétaires dans l’univers.

Ce prix a été remis à M. Baptiste Klein lors de la séance de fin d’année, le 15 décembre 2022, par madame Sylvie Vauclair, astrophysicienne, membre correspondant, lauréate de ce prix Manley Bendall en 2021.

PRIX HUBERT GRÉPINET
Une bourde en France au XXe siècle
Le traitement psychanalytique de l’autisme infantile.
Sous la direction de Jean-Pierre Luauté et Serge Christin
Editions Fiacre.

Le prix Hubert Grépinet, décerné à partir de 1966, est destiné à l’auteur d’un
ouvrage sur la chirurgie ou la médecine. Ce prix a eu pour premier lauréat le
jeune docteur Magendie.

L’autisme est une maladie dont l’origine reste à ce jour inconnue. Une bourde ou une affirmation infondée lancée par le psychologue américain Bettelheim,
reprise par Françoise Dolto et les psychanalystes, ont très longtemps pénalisé
les parents d’enfants autistes. On a appris à mieux traiter l’autisme par les techniques comportementales et un meilleur accompagnement familial.
Cet ouvrage est constitué d’un recueil d’articles sous la direction de Jean-Pierre Luauté et Serge Christin, pour prendre la mesure des dégâts pour les personnes autistes et pour leurs familles de la persistance de la psychanalyse par la majorité des professionnels en France.
Les auteurs des articles sont des professionnels, des psychiatres ou des psychologues, ainsi que la présidente d’Autisme France, Danièle Langloys, qui évoque les quatre plans Autisme successifs qui n’ont en fait jamais atteint leurs objectifs. La spécificité de l’autisme implique un très fort investissement gouvernemental qui ne peut se faire que sous la pression des associations représentant les personnes autistes et leurs familles.
Serge Christin est psychologue, membre de l’observatoire zététique (L’art de faire la différence entre ce qui relève de la science et de ce qui relève de la croyance).
Jean-Pierre Luauté est un ancien psychiatre de la Société médicopsychologique.

Ce prix a été remis à M. Serge Christin lors de la séance du 23 mars 2023 par le professeur Jacques Battin, membre résidant. M. Jean-Pierre Luauté s’était excusé.

PRIX EDMOND BASTIDE
Cosquer Méditerranée. La grotte restituée
Sous la direction de Bastien Cornu et Laurent Delbos
Editions Errance.

Edmond Bastide (1876-1968) était passionné d’archéologie et de numismatique. Président de la Société archéologique de Bordeaux, il proposa à l’Académie de créer un prix récompensant l’auteur d’un ouvrage ou de travaux consacrés à la préhistoire et à l’archéologie.

En 1991, Henri Cosquer, scaphandrier professionnel, découvre la grotte sous-marine qui porte son nom, avec des peintures comme celles de Lascaux. Cette grotte est très difficile d’accès : un boyau de 175 mètres de long dont l’entrée se situe à 36 mètres de profondeur. Elle est classée monument historique, comme étant l’un des sites majeurs de l’art pariétal paléolithique, mais elle est menacée par la montée des eaux. Fort de l’extraordinaire succès des reproductions de Lascaux, il a été décidé de la reproduire à l’identique dans le Palais de la Méditerranée à Marseille.
L’ouvrage Cosquer Méditerranée. La grotte restituée a été publié à l’occasion
de son ouverture. Sous la direction des deux responsables de la réalisation de cette réplique, Bastien Cornu et Laurent Delbos, il rassemble des études des meilleurs spécialistes sur tous les aspects de cette extraordinaire grotte : historique de la découverte, importance scientifique, analyse technique des peintures, description des modes de vie des hommes qui ont réalisé ces œuvres et de ce que l’on peut deviner de leurs motivations. Il expose les difficultés qui entourent la conservation de la grotte elle-même. Les problèmes posés par la création de la réplique sont également abordés.
Laurent Delbos, diplômé d’ethnologie et de sciences humaines, vit au Bugue, près de Lascaux. Il s’est toujours impliqué dans des projets touristiques, dont celui de Lascaux 4. Il était le chef de projet de cette réplique de la grotte Cosquer, tout comme Bastien Cornu.

Ce prix a été remis à M. Laurent Delbos lors de la séance du 8 juin 2023 par M. Jacques Des Courtils, membre résidant. M. Bastien Cornu s’était excusé.

PRIX ANDRÉ VOVARD
Vice-amiral d’escadre Eric Scherer
Les marins français 1789-1830. Etude du corps social et de ses uniformes
Edition conjointe Bernard Giovanangeli et Musée national de la Marine.

Auteur de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la marine, André-Jacques Vovard a été président de la section historique de l’Académie de marine. Le prix qui porte son nom récompense un ouvrage sur l’histoire de la Marine ou sur le
port de Bordeaux.

Au cours de sa carrière dans la marine, le vice-amiral d’escadre Eric Scherer a servi principalement dans les forces sous-marines, il a commandé deux sous-marins nucléaires, carrière qu’il a terminée au poste d’inspecteur de la Marine. Tout en assumant ces hautes responsabilités, il s’est intéressé depuis longtemps au personnel de la marine à travers l’histoire contemporaine et en particulier aux tenues et aux uniformes. En 2011 il avait publié un remarquable ouvrage Les uniformes des officiers de la marine. 1830 à 1940. Dans ce livre Les marins français. 1789 à 1830, il présente à trois époques marquantes pour notre histoire et pour celle de la Marine, la Révolution, l’Empire et la Restauration, les différents corps constituant alors la Marine : officiers de vaisseau, officiers d’administration, ingénieurs, médecins, sous-officiers, matelots. S’appuyant sur ses recherches auprès des Archives nationales, du Service historique de la Défense, du musée national de la Marine et du Conservatoire des uniformes de la marine, l’amiral Scherer décrit l’évolution de ces différents corps, leur sociologie, leur recrutement, leur formation et leur évolution au fil de ces trois périodes. Il détaille en particulier l’historique des corps d’officiers profondément bouleversés au cours de ces périodes. Une grande majorité des officiers de vaisseau avait émigré lors de la Révolution puis les défaites d’Aboukir et de Trafalgar ont marqué l’Empire avant que le retour de beaucoup d’émigrés à la Restauration n’ait pas été sans poser des problèmes. L’amiral Scherer présente aussi les tenues et les uniformes ainsi que les armes qui ont aussi beaucoup évolué pendant ces époques. Ainsi les premiers uniformes pour les équipages –
matelots, quartiers-maîtres, canonniers – ne datent que du Consulat et du début de l’Empire.
L’ouvrage est richement illustré de gravures, de dessins – en particulier les superbes dessins d’Auguste Goichon – et de photos de pièces d’uniformes et d’armes.

Ce prix André Vovard a été remis au vice-amiral d’escadre Eric Scherer lors de la séance de fin d’année, le 15 décembre 2022, par le secrétaire perpétuel, l’amiral Alain Béreau.

PRIX CHASSIN DUFOURG
La guerre d’Indochine – Dictionnaire
Ouvrage collectif sous la direction d’Ivan Cadeau, François Cochet et Rémy Porte.
Edité conjointement par les éditions Perrin et le ministère des Armées.

Le général de corps aérien Lionel Max Chassin a fait une brillante carrière dans l’armée de l’Air. Il a été membre de l’Académie de 1950 à 1955. Le colonel Robert Dufourg en a été pour sa part le secrétaire perpétuel de 1973 à 1987. Le prix qui porte leurs noms est un prix d’histoire militaire sur un sujet national, régional ou local.

La guerre d’Indochine qui marque, de 1945 à 1954, le début de la décolonisation de l’Empire français pourrait être qualifiée de « guerre méconnue ». Ce dictionnaire constitue un véritable outil de référence, un document de travail exceptionnel, voire indispensable, qui s’adresse certes en priorité aux historiens et aux chercheurs, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent à cette période de notre histoire militaire Cet ouvrage auquel ont contribué 46 historiens, universitaires et militaires, français et étrangers, tous experts reconnus, aborde pour la première fois en près de 900 entrées et 1000 pages, de manière quasi exhaustive, l’essentiel des thèmes et évènements du conflit qui a secoué la péninsule indochinoise à partir de 1945, permettant par la grande diversité des thèmes traités, d’en approfondir la connaissance et la compréhension. Des notices présentent tous les acteurs du conflit (on signalera la notice du général Lionel Chassin qui a donné son nom à ce prix), les responsables politiques et militaires, elles portent aussi sur des éléments très divers, telles les entrées relatives au contexte international, aux pays de l’ex Indochine française, aux aspects politiques, culturels ou littéraires (bandes dessinées, intellectuels, chants, propagande), voire sociaux (prostitution, enfants abandonnés, africasiens…).
Le lieutenant-colonel Ivan Cadeau est chef du bureau Terre du département Histoire et symbolique au Service Historique de la Défense. Docteur en histoire, il est spécialiste des guerres d’Indochine et de Corée.
François Cochet est professeur émérite de l’université de Lorraine-Metz en histoire contemporaine, spécialiste des conflits contemporains.
Rémy Porte est ancien référent Histoire pour l’armée de Terre, spécialiste des conflits des XIXe et XXe siècles.

Ce prix a été remis lors de la séance de fin d’année le 15 décembre 2022 au lieutenant-colonel Ivan Cadeau, par le président de l’Académie, le général Gilles Robert. MM. François Cochet et Rémy Porte s’étaient excusés.

PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD
Hervé Le Treut
climatologue,
pour l’ensemble de ses travaux et pour son dernier ouvrage
Climat et civilisation. Un défi incontournable
Editions Erès.

Le prix du doyen Jean de Feytaud distingue l’auteur d’un ouvrage ou de recherches dans les domaines de la biologie ou de l’environnement. Jean de Feytaud était titulaire de la chaire de zoologie et de physiologie animale de l’université de Bordeaux et membre de l’Académie de Bordeaux de 1936 à 1973.

Bordelais, Hervé Le Treut, est un climatologue, spécialiste de la simulation numérique du climat, membre de l’Académie des sciences. Il préside le comité scientifique régional AcclimaTerra. Diplômé de l’Ecole normale supérieure, sa thèse avait porté sur la modélisation des climats passés. Il enseigne à l’École polytechnique, à l’Ecole normale supérieure et à la Sorbonne. Ses travaux portent sur la compréhension des phénomènes qui interviennent dans l’évolution du climat : interactions entre l’atmosphère et les océans, influence du cycle de l’eau, prise en compte des effets biochimiques, étude de l’influence humaine dans l’effet de serre. Ses compétences, internationalement reconnues, lui ont valu de faire partie du GIEC. Il avait avancé dès 2003, que pour stabiliser l’évolution du système climatique, il faudrait diviser par deux ou trois les émissions mondiales de gaz à effet de serre, voire de carbone.
Hervé Le Treut a écrit plusieurs ouvrages, dont en 2009 Nouveau climat de la terre : comprendre, prédire, agir. Dans son dernier ouvrage, Climat et civilisation. Un défi incontournable, il veut faire partager sa conviction que le phénomène climatique responsable du réchauffement est irréversible et qu’il faut dès à présent se préparer à des conséquences qui remettront en cause nos modes de vie. Avec un grand sens pédagogique, il insiste sur le besoin de prendre en compte dans ces problématiques tous les aspects : philosophie, sociologie, psychologie, politique. Il insiste sur la nécessité d’agir rapidement à tous les niveaux.

PRIX JACQUES PAUL
Benoît Heimermann
Le mystère Lindbergh. Un aviateur dans la tourmente
Editions Stock

Ingénieur de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, membre de l’Académie de 1972 à 1991, Jacques Paul était l’auteur d’ouvrages sur Gustave Eiffel et sur l’histoire des ingénieurs. Le prix portant son nom récompense un ouvrage consacré à l’histoire ou à l’avenir des technologies de l’aéronautique et de l’astronautique, de la défense ou de l’énergie.

La vie de Charles Lindbergh est hors du commun, au demeurant très contrastée,
après son exploit de la traversée de l’Atlantique en 1927 qui lui a valu une notoriété mondiale pour le restant de sa vie. Il a connu le drame de l’enlèvement et de l’assassinat de son fils, il a mené une vie privée pour le moins agitée et il a fait des choix très contestables en faveur du nazisme ou encore de l’eugénisme… Les connaisseurs de l’aviation savent que le succès du Falcon de Marcel Dassault doit beaucoup à Lindbergh.
On compte des dizaines de biographies de Charles Lindbergh. L’approche de Benoît Heimermann est originale : il a cherché à comprendre ces contrastes et
ces errements, notamment ces funestes revirements qui semblent avoir débuté en
France sur les côtes de Bretagne, où le vainqueur de l’Atlantique posséda un temps une île et où il fréquenta un chirurgien d’exception, mais promoteur convaincu des théories eugénistes.
Benoît Heimermann est journaliste sportif. Il a couvert tous les grands évènements sportifs : Jeux olympiques, coupes du monde de football, America’s cup, coupe Davis… Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages sur ces compétitions ainsi que sur les conquêtes de l’Annapurna, de l’Everest et des pôles, ainsi que de plusieurs biographies : Charcot, Albert Londres, Eric Tabarly…

Ce prix a été remis à M. Benoît Heimermann lors de la séance de fin d’année, le 15 décembre 2022, par M. François Courtot, membre résidant.

PRIX GUY LASSERRE
Aventures et voyages de Pero Tafur
Traduit de l’espagnol, introduit et annoté par Jacques Paviot, Julia Roumier et Florence Serrano
Presses universitaires du Midi.

Guy Lasserre (1920-2001), géographe, fut professeur à l’université de Bordeaux et directeur du Centre d’études de géographie tropicale du CNRS. Son prix récompense l’auteur d’un ouvrage consacré à des récits de voyages ou à l’histoire de la France d’Outre-mer.

Aventures et voyages de Pero Tafur est la première traduction française d’un récit de voyage effectué par son auteur vers 1454 ; le manuscrit original a aujourd’hui disparu. Les trois auteurs qui ont participé à ce travail éditorial sont Jacques Paviot, chercheur en histoire médiévale à l’université Paris Sorbonne, Julia Roumier, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne, spécialiste du moyen âge espagnol, et Florence Serrano qui a obtenu un doctorat à l’Ecole normale supérieure de Lyon en 2011.
Pero Tafur, est né à Séville ou à Cordoue aux environs de 1410 et mort vers 1484. Il était membre de l’ordre de Calatrava, ordre militaire hispanique. Il effectua le voyage qu’il relate entre 1436 et 1439, voyage qui le mena à Jérusalem en traversant la Méditerranée ; au retour, il gagna les Flandres par la péninsule italienne du sud au nord. Il accomplit l’essentiel de son voyage par voie maritime et pour les parties terrestres, surtout au retour, il voyagea à cheval.
Son appartenance à l’ordre de Calatrava lui permit de faire de nombreuses rencontres, et d’être accueilli tout au long de son périple. Le but de ce voyage servait plusieurs causes : il est certain que le roi Jean II de Castille lui confia une mission diplomatique visant à favoriser les échanges commerciaux ; une rencontre avec le Pape qui l’interrogea sur ce qu’il avait vu et appris sur Jérusalem, sur le sultan d’Egypte, le Grand Turc et l’empereur de Constantinople, s’est certainement avérée utile pour l’organisation des pèlerinages en Terre sainte.
Ce récit de voyage est construit avec originalité. L’auteur donne des descriptions précises des lieux où il est passé, de ses rencontres, de l’accueil qui lui a été fait ou de l’hostilité qu’il a rencontrée. Il enrichit son récit d’éléments d’histoire, mais il fait aussi une place au merveilleux et aux légendes. On perçoit à la lecture du récit l’importance des réseaux Castillans. Un autre élément ressort aussi de cette lecture, c’est la grande culture de Pero Tafur : on est frappé par sa connaissance de l’histoire ancienne, grecque et romaine, et par sa façon de comparer les lieux, les constructions, leur architecture… Un portrait de l’auteur se dessine au fil des pages qui ajoute un caractère biographique au récit.

Ce prix Guy Lasserre a été remis à Mme Julia Roumier par Mme Hélène de Bellaigue, membre résidant, lors de la séance de fin d’année le 15 décembre 2022. Mme Florence Serrano s’était excusée.

PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD
Bordeaux et ses vignobles. Un modèle de civilisation
Sous la direction du professeur Raphaël Schirmer
Editions Sud Ouest.

Le baron Philippe de Rothschild a été membre de l’Académie de Bordeaux de 1973 à 1988. Il avait institué un prix destiné à couronner un ouvrage consacré à l’histoire ou à la célébration du vin. Ce prix est doté en nature par la Société Baron Philippe de Rothschild SA.

Cet ouvrage de plus de 300 pages a été écrit sous la direction du professeur Raphaël Schirmer, docteur en géographie et enseignant à l’université Bordeaux Montaigne. Il s’est entouré des meilleurs spécialistes du moment : au total une cinquantaine d’experts dans les différents domaines.
L’ouvrage dresse un tableau des liens entre Bordeaux, la ville, la région et le monde viticole. Il débute bien sûr par le contexte historique, mais il se consacre ensuite au présent, à la place de la vigne dans le paysage, du vin dans l’économie et dans le développement touristique de la région. On y parle de terroirs, de positionnement économique et des perspectives d’avenir. Il est particulièrement bien illustré : belles photos, cartes parlantes et bien renseignées, schémas très pédagogiques : au total une iconographie moderne.
Bordeaux et ses vignobles a été primé par l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin en 2021.

Ce prix a été remis au professeur Raphael Schirmer lors de la séance de fin d’année, le 15 décembre 2021, par M. Philippe Sereys de Rothschild, président du conseil d’administration de la société Baron Philippe de Rothschild SA qui dote ce prix.

PRIX DES ARTS
Alix Audurier Cros, Dominique Ganibenc et Olivier Liardet
L’œuvre des Garros en Occitanie (1860-1930). Le rayonnement d’une agence d’architectes bordelais.
Collection Duo de la DRAC Occitanie

L’œuvre des Garros en Occitanie est un ouvrage de la collection Duo éditée par la DRAC d’Occitanie afin de faire découvrir au public le patrimoine de la région. Il retrace l’activité sur près d’un siècle et demi d’une dynastie d’architectes bordelais, les Garros. Cette lignée d’architectes est assez peu connue alors qu’elle a beaucoup enrichi le patrimoine régional du sud-ouest de la France. Premier de cette lignée, Michel Louis Garros avait créé une agence d’architecture à Bordeaux en 1861 ; cette lignée durera jusqu’en 1993 avec Michel Garros dernier membre de cette dynastie d’architectes, dont le Cabinet est toujours resté établi à Bordeaux.
Les trois auteurs, Alix Audurier Cros, professeur en architecture de l’université de Montpellier, Dominique Ganibenc, docteur en histoire de l’art de l’université de Montpellier, et Olivier Liardet chargé d’études à la DRAC de la région PACA, s’appuient sur de nombreux documents conservés aux archives de Bordeaux Métropole, aux archives départementales de la Gironde, de l’Aude et de l’Hérault, ainsi que sur des fonds familiaux.
La première partie retrace l’histoire de cette dynastie d’architectes. Le fondateur et ses premiers successeurs ont d’abord construit ou rénové de nombreux châteaux viticoles dans le Bordelais, notamment dans le Médoc et le Sauternais, puis leur activité s’est étendue au Languedoc, avec au total une centaine de châteaux construits, restaurés ou réaménagés dans le Biterrois, le Narbonnais et jusqu’en Haute-Garonne. Leurs sources d’inspiration s’appuient surtout sur les formes néo-renaissance, sans négliger d’autres sources : médiévales, anglo-saxonnes. L’ouvrage présente ensuite en détail quatre châteaux en Occitanie : Libouriac dans l’Hérault, Saint-Geniès de Ménesterol près de Béziers, Valmirande en Haute-Garonne et Le Terral dans l’Aude. Il est richement illustré de plans, de photos des châteaux, des extérieurs comme de leurs intérieurs, de leur ameublement, des boiseries, des vitraux, des jardins.

Ce prix des arts a été remis à Mme Alix Audurier Cros lors de la séance du 8 juin 2023 par M. Michel Pétuaud-Létang, membre résidant. M. Bertrand Garros, fils aîné de Michel Garros dernier architecte de la lignée Garros, était présent. Il a pris la parole pour évoquer son père et son souhait d’ouvrir les archives en possession de sa famille pour continuer à travailler sur la lignée des architectes Garros et leurs réalisations.

PRIX DES BELLES LETTRES
Philippe Dazet-Brun
Mauriac dans l’Église catholique ou la fidélité aux aguets
Editions du Cerf.

François Mauriac, homme de lettres, prix Nobel de littérature, était aussi un homme de foi. Philippe Dazet-Brun s’intéresse à une facette très peu explorée du grand écrivain : ses relations avec l’Église catholique. Le sous-titre de l’ouvrage La fidélité aux aguets résume à lui seul toute la vie d’un catholique contestataire, mais qui était profondément attaché à son Église. L’auteur montre l’engagement sans faille, mais aussi les incompréhensions avec l’Eglise, notamment à l’heure du concile Vatican II. En 1967, François Mauriac avait publié un essai Souffrances et bonheur du chrétien, réflexions sur l’Eglise, sur les fidèles.
Si l’écrivain ne se sentait plus en phase avec l’Église qui naît de Vatican II, il n’en reste pas moins un fidèle, d’une foi profonde. « À ceux qui me demandent si je désespère de l’Église, je réponds ce que je crois profondément : qu’elle est la dernière chance au monde. »
Philippe Dazet-Brun est professeur d’histoire contemporaine à l’Institut catholique de Toulouse. Il est membre des équipes de recherches du CERES et du Centre François Mauriac de l’université Bordeaux-Montaigne. Il est secrétaire de la Société internationale des études mauriaciennes et secrétaire perpétuel de l’Académie des Jeux Floraux, instituée en 1323, considérée comme la plus ancienne société savante d’Europe.

Ce prix des belles-lettres a été remis à M. Philippe Dazet Brun par le président de l’Académie, M. Claude Jean,  lors de la séance du 30 mars 2023. M. Philippe Dazet Brun  a ensuite présenté son ouvrage et l’Académie des jeux floraux.

PRIX D’ÉCONOMIE
David Djaïz
Le Nouveau modèle français
Allary éditions.

Le parcours de David Djaïz est remarquable : major (Cacique) à l’entrée de l’Ecole Normale Supérieure rue d’Ulm, il intègre ensuite l’Ecole Nationale
d’Administration et choisit en sortant l’inspection des finances. Titulaire d’un master de philosophie politique, il enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris.
Son livre Le nouveau modèle français est un essai sur l’histoire du modèle français qui a fonctionné avec succès depuis la Libération, tant d’un point de vue économique, politique, social et même culturel, et qui a fait entrer la France dans la modernité. Mais depuis maintenant trente ans, ce modèle connaît une longue déliquescence : économie ralentie, manque d’innovation, société fracturée, démocratie en panne… Il ne répond plus aux spécificités et aux contraintes de la mondialisation et d’un monde ultra-connecté. La tentation est grande d’importer un modèle copié sur nos voisins ayant réussi à s’adapter avec succès, mais une telle greffe apparaît impossible.
David Djaïz propose donc un nouveau modèle propre à la France : il plaide pour une réindustrialisation verte, le développement d’une économie du bien-être créatrice de valeur et de liens sociaux, un nouveau projet de société capable de rassembler une majorité. L’ouvrage de David Djaïz n’est pas du tout polémique, aux antipodes des ouvrages économiques catastrophistes, dont le discours sur le déclin français a pris des proportions quasi obsessionnelles au cours de ces dernières années.

PRIX DE L’INNOVATION SCIENTIFIQUE
Georges Hadziioannou
professeur à l’université de Bordeaux, titulaire de la chaire
Matériaux fonctionnels avancés pour les technologies de l’information, de la communication et des énergies émergentes

Docteur en sciences physiques de l’université Louis Pasteur de Strasbourg, Georges Hadziioannou a été chercheur associé dans plusieurs universités américaines : université du Massachusetts, laboratoire de recherches d’IBM à Almaden en Californie, National Institute for Science and Technology de Washington et professeur à l’université de Stanford en Californie. Il a été ensuite professeur à l’université de Groningen aux Pays-Bas, puis de l’université
de Strasbourg, avant de prendre en 2009 à l’université de Bordeaux la chaire Matériaux fonctionnels avancés pour les technologies de l’information, de la communication et des énergies émergentes.
La carrière du professeur Georges Hadziioannou se caractérise donc par un fort engagement envers la recherche fondamentale dans les différentes universités et instituts de recherches du monde entier et maintenant à Bordeaux. Il a été le pionnier des travaux sur les matériaux polymères nanostructurés, avec des innovations dans les matériaux électroniques organiques flexibles et imprimables.
Il a dirigé et dirige plusieurs groupes ou projets de recherches :
• HOMERIC (Hierarchical assembled Organic Materials for ElectRonICs), projet qui a permis de développer l’utilisation des matériaux à base de carbone comme source commune d’approvisionnement des technologies électroniques ;
• SMILE (Smart polymer ferrotronic Materials for Environmental Monitoring and Energy Conversion), qui associe l’université de Bordeaux et quatre partenaires industriels pour un projet de chaire industrielle dans le domaine de l’ingénierie de la ferrotronique imprimée, favorisant l’introduction de cette technologie émergente dans des secteurs tels que la surveillance de l’environnement, la santé, le bien-être, ou encore la conversion d’énergie ;
• ELORPrintTec plateforme universitaire pour l’électronique organique imprimée qui vise à explorer la science et la technologie à travers la chimie, la physique, les sciences de la vie et l’ingénierie pour la conception, l’innovation et l’intégration de nouveaux matériaux aux dispositifs et systèmes dans la technologie de l’électronique.
Le professeur Hadziioannou a publié plus de 420 articles et il est titulaire de 45 brevets. Il a dirigé 60 doctorats. Depuis février 2022, il est président du Comité de Coordination des Expertises Scientifiques (CCES) de la Région Nouvelle Aquitaine.

Ce prix de l’innovation scientifique a été remis au professeur Georges Hadziioannou lors de la séance du 23 mars 2023 par M. Bernard Alaux, membre résidant.

PRIX DE MUSIQUE
Matthieu Franchin
musicien chercheur, étudiant en clavecin et basse continue pour sa découverte de la partition inédite de la musique de scène originale
du Mariage de Figaro de Beaumarchais

Matthieu Franchin est doctorant à Sorbonne université, il poursuit une thèse sur la musique et la danse à la Comédie française aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Dans le cadre de ses recherches, il a été amené à explorer le fonds musical du Grand Théâtre de Bordeaux, conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux. Il a trouvé une partition inédite contenant la musique de scène originale du Mariage de Figaro de Beaumarchais, perdue à la Révolution. Cette partition avait été composée pour la création de la comédie de Beaumarchais le 27 avril 1784 à la Comédie française. Elle est l’oeuvre d’Antoine- Laurent Baudron (1742-1830) et elle n’a jamais été publiée. Matthieu Franchin a écrit sur cette découverte un article dans la Revue d’histoire littéraire de la France et il a enregistré des extraits de cette musique inédite avec le Quatuor Cherubini.
Cette découverte est un événement musicologique d’importance car elle révèle que le modèle de la comédie ballet créé par Lully, Molière et Beauchamp plus d’un siècle auparavant, survivait encore à la fin du XVIIIe siècle. La pièce de Beaumarchais comportait en effet non seulement des intermèdes musicaux dus à Antoine-Laurent Baudron, mais aussi des ballets créés par le chorégraphe André-Jean-Jacques Deshayes. Nous savons ainsi qu’il était habituel que les spectacles présentés à la Comédie Française soient à l’affiche à Bordeaux peu de
temps après leur création à Paris.

Ce prix de musique 2022 a été remis à M. Matthieu Franchin par Mme Hélène de Bellaigue, membre résidant, lors de la séance du 8 décembre 2022.

PRIX DU PATRIMOINE
Dictionnaire illustré de Buglose. 400 ans du pèlerinage
Sous la coordination de Madeleine Jogan
Edition Société de Borda.

C’est en 1620 que le pèlerinage de Notre-Dame de Buglose est entré dans l’Histoire par la découverte dans des conditions merveilleuses d’une statue de la Vierge dans un marais. Notre-Dame de Buglose est depuis le grand sanctuaire marial des Landes ainsi que des pays de l’Adour ; il a connu son apogée au XIXe siècle. S’inscrivant dans le courant de la nouvelle histoire qui étudie les pèlerinages avec le recul qui convient, à égale distance de l’ironie voltairienne et de la crédulité dévote, une équipe pluridisciplinaire animée par Madeleine Jogan étudie ce pèlerinage de Notre-Dame de Buglose sous tous les angles. Historiens, historiens de l’art, sociologues, archivistes, liturgistes, canonistes, architecte des Bâtiments de France croisent leurs connaissances. Plus que le dictionnaire annoncé modestement, cet ouvrage à l’abondante iconographie, est une histoire remarquable du diocèse de Dax, car depuis le XVIIe siècle, si Dax est la tête du diocèse, Buglose en est le cœur. Il dépasse largement le propos religieux pour atteindre les dimensions d’une véritable histoire des Landes et de la Chalosse. Le patrimoine artistique y tient une place majeure car du début du XIXe siècle aux années 1950, la basilique n’a cessé d’être remaniée. Ce lexique accorde une place importante à l’étude des bâtiments du sanctuaire et aux œuvres d’art (statues, mosaïques, tableaux…) : il met ainsi en lumière un patrimoine peu connu.
La Société de Borda qui a édité ce dictionnaire a été fondée en 1876. Multidisciplinaire, elle mène de nombreuses activités : conférences, visites, soutien du musée local, publications dont le bulletin trimestriel de la Société de Borda.

Ce prix du patrimoine a été remis à Mme Madeleine Jogan lors de la séance de fin d’année, le 15 décembre 2022, par M. Philippe Loupès membre résidant.

PRIX DE PHYSIQUE
Laurent Cognet
physicien, directeur de recherches dans les domaines des nanosciences, de l’optique et de la bio imagerie, professeur de l’université de Bordeaux

Le domaine de recherches de Laurent Cognet se situe aux confins de la physique, de la chimie et de la biologie.
Diplômé de l’Institut d’optique graduate school, il a obtenu un DEA d’optique photonique, puis un doctorat avec une thèse sur Les miroirs atomiques : diffraction en incidence rasante et rugosité d’un miroir magnétique soutenue à l’Institut d’optique de Paris-Sud Orsay. Il a été chercheur invité à la Rice university de Houston et a séjourné au National laboratory de Los Alamos. Il enseigne à l’université de Bordeaux depuis 2005 et il dirige depuis 20215 le laboratoire Photonique, Numérique et Nanosciences (LP2N) de Bordeaux.
Les travaux de Laurent Cognet concernent l’utilisation de la nano-physique et de la microscopie en fluorescence super-résolution – domaine de recherche couronné par un prix Nobel de chimie en 2014 – pour caractériser des nano-objets comme les nanotubes de carbone ou les nanocristaux de semiconducteurs ou de métaux. Ses recherches concernent aussi le mouvement des protéines à la surfaces des synapses des neurones sous l’influence de la lumière, recherches qui ont permis des avancées conceptuelles dans la compréhension du fonctionnement du cerveau.
Laurent Cognet est aujourd’hui un enseignant-chercheur de stature internationale, menant des travaux marqués par une multidisciplinarité qui est fondamentale pour l’avenir des sciences.

Ce prix de physique 2022 a été remis au professeur Laurent Cognet par le président de l’Académie, M. Claude Jean, lors de la séance du 30 mars 2023.

PRIX SPÉCIAL
Jean Cambier
Un cerveau, deux hémisphères pour quoi faire ?
Editions Fiacre.

Jean Cambier est médecin neurologue. Il a été chef de service de neurologie de l’hôpital Beaujon à Paris et professeur de neurologie à l’université Paris VII. Il est ancien président de la Société française de neurologie et membre de l’Académie de médecine depuis 1992. Il a écrit plusieurs ouvrages dont un Abrégé de neurologie ainsi que La mémoire.
La première partie de son ouvrage s’attache à décrire la façon dont la dialectique des hémisphères du cerveau a permis aux plus évolués des vertébrés de dominer l’univers. La seconde partie s’emploie à montrer, à partir de l’exemple de quelques écrivains, comment s’opère la concertation des deux hémisphères du cerveau, comment elle détermine la personnalité de l’auteur et l’originalité de sa création. Les exemples de Baudelaire, surdoué dans son siècle, de Flaubert et de Dostoïevski persécutés par une épilepsie rebelle, de Marcel Proust promoteur de la mémoire épisodique, illustrent cette approche.

Le professeur Jean Cambier est décédé le 29 novembre 2022. Un représentant des éditions Fiacre est venu recevoir symboliquement son prix spécial lors de la séance du 23 mars 2023.

PRIX SPÉCIAL
Catherine d’Oultremont et Marina Solvay
Fantaisies quantiques. Dans les coulisses des grandes découvertes du XXe siècle
Editions Saint-Simon.

Cet ouvrage retrace la grande épopée de la science à la fin du XIXe et tout au long du XXe siècle, de l’émergence des connaissances de l’atome et de ses particules à la conception de l’univers en expansion et à la théorie du Big Bang. Il raconte les vies, les recherches et les découvertes des plus éminents scientifiques qui ont révolutionné la science : Albert Einstein, Marie Curie, Henri Poincaré…
Cet ouvrage s’appuie sur la passion pour les sciences d’Ernest Solvay, grand industriel et mécène belge, fondateur du Groupe portant son nom et qui oeuvra
toute sa vie pour la recherche scientifique. Il a littéralement accompagné les grandes découvertes scientifiques du siècle. Il avait créé un Institut de physique en 1911, puis un Institut de chimie en 1922. Il a été à l’origine du développement des sciences en Belgique, notamment par des conférences et des
réunions appelées Conseils Solvay, qui se tiennent encore aujourd’hui. Ernest Solvay avait aussi fondé une faculté d’économie et de gestion rattachée à l’Université Libre de Bruxelles. C’est cette saga que content, comme un roman, Catherine d’Oultremont et Marina Solvay.
Catherine d’Oultremont a beaucoup voyagé avant de s’établir en Belgique : Catalogne, Italie, Afrique…De formation artistique, elle apporte sa contribution à des revues traditionnelles et philosophiques et elle a écrit plusieurs romans.
Marina Solvay est l’arrière-arrière-petite-fille du fondateur de l’empire Solvay. Elle se consacre au monde de la musique et des sciences. Depuis huit ans, elle accompagne les activités des Instituts de physique et de chimie créés par Ernest Solvay et elle s’attache à revaloriser leurs patrimoines scientifique et historique. Elle réalise des interviews de savants et de prix Nobel célèbres, afin de les faire connaître au grand public.
L’ouvrage est préfacé par Etienne Klein, physicien, spécialiste de physique quantique et de physique des particules, philosophe des sciences qui avait reçu le prix de physique de l’Académie en 2016.

Ce prix spécial a été remis à Mmes Catherine d’Oultremont et Marina Solvay par M. Patrick Maestro lors de la séance du 23 mars 2023.

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