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PRIX 2019 DE L’ACADÉMIE

Les prix de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux pour l’année 2019 ont été remis lors de la séance solennelle de fin d’année le jeudi 12 décembre 2019.  C’est l’amiral Alain Béreau, secrétaire perpétuel, qui a présenté les différents prix, les lauréats et les ouvrages récompensés. Toutefois certains lauréats n’ont pu se rendre à Bordeaux en raison des grèves, aussi une séance complémentaire de remise de ces prix 2019 a été programmée le jeudi 12 mars 2020.

L’Académie a décerné pour cette année 2019 vingt prix. Globalement ils récompensent un auteur-éditeur, deux thèses, une entreprise, deux associations, cinq chercheurs et treize ouvrages.
Une quinzaine de lauréats sont de Bordeaux ou de la région Aquitaine. Les deux thèses récompensées traitent d’un sujet lié à l’histoire de la région ou de Bordeaux, les chercheurs appartiennent à trois laboratoires liés à l’université de Bordeaux, les deux associations sont régionales, tout comme l’entreprise.

Je voudrais remercier notre confrère Henri de Grandmaison et notre consœur Marguerite Stahl qui ont mené, cette année encore, tous les travaux de la Commission des prix. Mes remerciements vont aussi aux mécènes qui dotent certains prix : l’Office du tourisme et le Château Mouton-Rothschild.

Je vais maintenant présenter les différents prix et appeler les lauréats à qui un membre de l’Académie remettra un diplôme, une médaille de l’Académie ainsi que les Actes 2018, puis ils seront conviés à dire quelques mots. Après cette séance, un rafraîchissement sera servi dans la bibliothèque de l’Académie, pour lequel il convient de remercier notre consœur, madame May-Eliane de Lencquesaing et notre confrère Jean-Pierre de Beaumarchais.

Pour la première fois, une plaquette présentant ces prix 2019 de l’Académie a été réalisée. Après une présentation générale, cette plaquette présente chacun des prix décernés : bref historique du prix, présentations de l’œuvre récompensée et du lauréat, avec des illustrations, en particulier des couvertures des ouvrages.
Pour voir cette plaquette cliquer sur ces deux liens :
–    Les deux premières pages de présentation générale des prix 2019
–    Les dix pages de présentation des 20 prix

GRAND PRIX DE L’ACADÉMIE

Jean-Paul Michel
Auteur et directeur des éditions William Blake and Co

Le Grand prix de l’Académie de Bordeaux récompense chaque année une personnalité, une œuvre ou l’ensemble d’une œuvre dans le domaine des sciences, des arts ou des belles-lettres.

Ce Grand prix est attribué cette année à M. Jean-Paul Michel, auteur et directeur des éditions William Blake and Co de Bordeaux.

Agrégé de philosophie, Jean-Paul Michel a publié ses premiers ouvrages dès 1975. Son œuvre poétique est importante, reconnue et traduite en plusieurs langues. Elle a été rassemblée et publiée en quatre volumes aux éditions Flammarion, ainsi que dans la collection Poésie de Gallimard. Et traduite en plusieurs langues.
En 1976, Jean-Paul Michel fonde les éditions William Blake and Co, dont il assure depuis la direction littéraire. Les publications de ces éditions William Blake, qui font référence à l’artiste peintre, graveur et poète préromantique britannique, se distinguent par un choix très éclectique des œuvres et par la très grande qualité des ouvrages.

Ce Grand prix de l’Académie sera officiellement remis par monsieur Nicolas Florian, le maire de Bordeaux et protecteur de l’Académie, lors d’une cérémonie particulière au cours du premier semestre de l’année prochaine.

PRIX DE L’OFFICE DU TOURISME

Richard Zéboulon
Flâneries juives en Gironde
éditées par le Centre Yavné de Bordeaux

Ce prix, créé par le Syndicat d’initiative en 1957, récompense un ouvrage historique, littéraire ou artistique, ayant pour sujet principal Bordeaux, accessible au grand public et susceptible de servir au développement touristique de la ville. Il est doté par l’Office du tourisme.

Il est attribué cette année à monsieur Richard Zéboulon pour son ouvrage Flâneries juives en Gironde, publié par le Centre culturel et d’animation, dit Centre Yavné, de Bordeaux.

Ce guide, remarquablement illustré et enrichi de cartes, fait connaître de nombreux lieux méconnus, mettant en valeur des personnages que l’auteur fait revivre sous une plume alerte. Son livre fait ainsi découvrir le patrimoine d’une communauté juive qui a marqué l’histoire de Bordeaux.

Richard Zéboulon est un auteur et photographe amoureux de sa ville. Il collabore depuis plusieurs années à des projets sur le patrimoine bordelais ; il est l’auteur de nombreux ouvrages sur ce patrimoine.

Ce prix a été remis par madame Maité Lavignac-Breme, directrice adjointe de l’Office du tourisme de Bordeaux Métropole qui dote ce prix. Absent de Bordeaux, monsieur Stephan Delaux, adjoint au maire chargé de l’attractivité économique, du tourisme, des grands événements et de la vie fluviale s’était excusé.

PRIX DE LA FONDATION CHARLES ET ARLETTE HIGOUNET

Laura Viaut pour sa thèse
Fecimus concordiam. Les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace aquitain au Haut Moyen Âge (VIIIe – XIIe siècle)

Charles Higounet, membre de notre Académie de 1960 à 1988, a été un grand médiéviste, spécialiste de l’histoire de l’Aquitaine et de celle de Bordeaux. Son épouse, Arlette Higounet-Nadal, également historienne du Moyen Âge, fut la première femme élue à l’Académie de Bordeaux en 1990. Ils ont institué un prix d’histoire doté par une Fondation qui récompense l’auteur d’une thèse ou d’un travail de recherches sur l’histoire du Moyen Âge de la Grande Aquitaine.

Ce prix d’histoire Charles et Arlette Higounet est décerné cette année à madame Laura Viaut pour sa thèse en histoire du droit et des institutions, soutenue à l’université de Limoges, intitulée Fecimus concordiam. Les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace aquitain au Haut Moyen Âge (VIIIe -XIIe siècle).

Cette thèse comprend deux volumes. Dans le premier, madame Laura Viaut a étudié dans l’espace aquitain – Limousin, Poitou, Saintonge, Angoumois et Périgord – les différents mécanismes de gestion des conflits, de la naissance de l’Empire carolingien au VIIIe siècle jusqu’au début du XIIIe siècle, lorsque le pouvoir royal commence à s’affermir et met en place un système répressif. Entre 1050 et 1190, en l’absence de moyens de contrainte étatique, la justice est principalement rendue par voie de médiation et d’arbitrages : la Concordia.
Dans la seconde partie, constituant des annexes, Laura Viaut présente en fait cinq études dont celles sur le Livre juridique du Haut Moyen Age (VIe-XIe siècles), le personnel judiciaire carolingien (IXe-Xe siècles), ainsi que les chartes et cartulaires manuscrits. Il s’agit là d’une remarquable étude de diplomatique médiévale et de proposition d’édition de textes latins, souvent inédits, une initiative que Charles Higounet aurait particulièrement appréciée.
Madame Laura Viaut est maître de conférences en histoire du droit à l’université de Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Ce prix, doté, de la Fondation Charles et Arlette Higounet a été remis le jeudi 12 mars 2020 par monsieur Jean Bernard Marquette, membre résidant de l’Académie.

PRIX DE PHYSIQUE

Ludovic Jaubert et Fabio Pistolesi chercheur et directeur
du Laboratoire Ondes et matière d’Aquitaine
Sophie Tencé et Mario Maglione chercheuse et directeur
de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux

Dès la fondation de l’Académie de Bordeaux, le duc de la Force, premier protecteur de l’Académie, avait souhaité la création d’un prix de physique. Ce prix fut attribué en 1715 à Jean-Jacques Dortous de Mairan, mathématicien, physicien, musicien, philosophe, membre de l’Académie française, pour son étude Dissertation sur les variations du baromètre. C’était ainsi la première fois qu’une société scientifique en Europe remettait une récompense.

Ce prix de physique, remis à l’honneur par l’Académie il y a trois ans, est attribué cette année à deux chercheurs, madame Sophie Tencé et monsieur Ludovic Jaubert et aux directeurs de leur laboratoires respectifs, messieurs Fabio Pistolesi et Mario Maglione.

Le lancement des grands programmes de recherches 2019 par le ministère de la Recherche a conduit à la création à l’université de Bordeaux d’un Département Matières et rayonnement regroupant les domaines de la physique de l’état solide, de la chimie et des sciences des matériaux. Parmi les axes de recherches retenus, l’un traite de la matière quantique. Ces recherches, s’appuyant sur la dualité onde-particule, ont déjà ouvert la voie à d’immenses progrès, tels que l’IRM médicale, les moyens de communication modernes…

Deux chercheurs se sont distingués, monsieur Ludovic Jaubert, du Laboratoire ondes et matières d’Aquitaine, par ses travaux sur la supraconductivité de certains solides, ses travaux faisant suite à ceux de madame Sophie Tencé, de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, sur une nouvelle classe de matériaux supraconducteurs.

Monsieur Fabio Pistolesi dirige le Laboratoire ondes et matières d’Aquitaine et monsieur Mario Maglione est le directeur de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux.

Ce prix de physique a été remis par monsieur Michel Pouchard, membre résidant de l’Académie et membre de l’Académie des sciences.

PRIX BRIVES-CAZES

Michel Combet
Histoire de Bergerac
aux éditions Fanlac

Joseph-Emile Brives-Cazes, conseiller à la Cour d’Appel de Bordeaux et membre de l’Académie de 1869 à 1887, avait institué dans son testament un prix pour récompenser un travail sur un sujet relatif à l’histoire de l’ancienne Aquitaine ou de Bordeaux.

Ce prix Brives-Cazes est remis cette année à Michel Combet pour L’histoire de Bergerac aux éditions Fanlac, dont il a dirigé la réalisation.

L’histoire de Bergerac est originale, souvent décalée des temps forts de l’histoire de France. Située au milieu d’une riche plaine de l’Aquitaine, au bord de la Dordogne, sur une voie de passage vers Bordeaux et l’océan, Bergerac, bien que privée de sièges politique, juridique, administratif et épiscopal, a su puiser dans sa situation particulière les sources de sa prospérité, en particulier grâce à l’agriculture et au commerce.

Plusieurs professeurs d’histoire et de géographie de l’université de Bordeaux, des chercheurs du CNRS ainsi que l’assistant de conservation du patrimoine auprès de la ville de Bergerac ont contribué à ce très bel ouvrage, sous la direction de monsieur Michel Combet, maître de conférences honoraire de l’université Bordeaux Montaigne.

Ce prix Brives-Cazes a été remis par monsieur Jean-Louis Aucouturier, membre résidant.

PRIX FERNAND DAGUIN

Association des géologues du Sud-Ouest
Synthèse géologique et géophysique des Pyrénées

Né en 1889 à Bayonne Fernand Eugène Daguin, professeur de géologie en Bretagne puis à Pau, Montpellier, Bordeaux et Fort-de-France, a été membre de notre Académie à partir de 1943. Il disparut en mer en 1948 lors de l’accident d’un avion qui le ramenait des Antilles où il venait d’effectuer l’une de ses multiples missions. Un lycée de Mérignac porte son nom. Le prix Fernand Daguin récompense un ouvrage consacré aux sciences et à l’environnement.

Ce prix est remis cette année à l’Association des géologues du Sud-Ouest, présidée par monsieur Francis Médiavilla, pour la Synthèse géologique et géophysique des Pyrénées.

Cette association a pris en charge la publication d’un travail réalisé en 1984, en accord avec le Bureau de recherches géologique et minière (BRGM) et son équivalent espagnol.
Il s’agit là d’un travail exceptionnel, jamais réalisé, sur les connaissances géologiques de la chaîne des Pyrénées et de ses avant-pays. Ce superbe document contient 32 planches en couleurs, une notice de 60 pages et une clé USB.

L’attribution de ce prix Fernand Daguin avait été proposée par le professeur Michel Vigneaux, doyen de l’Académie ; il a été remis à monsieur Francis Médiavilla par la présidente de l’Académie , madame Hélène de Bellaigue.

PRIX HUBERT GRÉPINET

Jacques Poirier
Augusta Dejerine-Klumpke (1859-1927). Pionnière de la médecine et féministe exemplaire
aux éditions Fiacre

Le prix Hubert Grépinet, qui date de 1966, est destiné à un ouvrage ou à des travaux de recherches concernant l’histoire de la médecine ou de la chirurgie. Le premier lauréat en fut le jeune docteur Magendie.

Cette année ce prix est remis à monsieur Jacques Poirier pour son livre Augusta Dejerine-Klumpke (1859-1927). Pionnière de la médecine et féministe exemplaire aux éditions Fiacre.

Augusta Dejerine-Klumpke était une scientifique franco-américaine, neurologue et neuro-anatomiste. Elle fut la première femme interne des hôpitaux de Paris et devint la première femme membre puis présidente de la société de neurologie. L’auteur retrace sa vie, notamment son mariage avec le médecin Jules Dejerine et les destinées de sa fratrie, ainsi que son œuvre scientifique et son action courageuse et patriote pendant la Première Guerre mondiale. Elle sut être une féministe par l’exemple.

Jacques Poirier, neurologue, neuro-pathologiste, a été chef de service et professeur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ancien président du groupe de recherches en épistémologie et histoire de la médecine. Membre de la Société française de l’histoire de la médecine et de l’International society history of medecine, il est l’auteur de très nombreux ouvrages et articles.

Ce prix Hubert Grépinet a été remis le 12 mars 2020 à un représentant des éditions Fiacre, monsieur Jacques Poirier n’ayant pu être présent.

PRIX EDMOND BASTIDE

Jacques Jaubert
Préhistoires de France
aux éditions Confluences

Edmond Bastide (1876-1968) était passionné d’archéologie et de numismatique. Il rapportait de ses nombreux voyages documents et pièces. Président honoraire de la Société archéologique de Bordeaux, il proposa à l’Académie de créer un prix récompensant l’auteur d’un ouvrage ou de travaux consacrés à la préhistoire et à l’archéologie.
Ce prix récompense cette année Jacques Jaubert pour son ouvrage Préhistoires de France aux éditions Confluences.

L’ouvrage est conçu comme une histoire de France qui raconte sa préhistoire entre un million d’années et 7 000 ans avant notre ère. Il comprend une cartographie importante qui permet de suivre l’implantation progressive de l’espèce humaine sur notre territoire.

Jacques Jaubert est professeur de préhistoire à l’université de Bordeaux, spécialiste du paléolithique et de Neandertal. Il est l’auteur de nombreux articles dans les revues françaises et internationales. Il est à l’origine de la découverte de la grotte de Bruniquel dans le Tarn-et-Garonne.

PRIX ANDRÉ VOVARD

Bernard Jimenez
L’expédition Lapérouse. Une aventure humaine et scientifique autour du monde
aux éditions Glénat en partenariat avec la Société de géographie

Historien maritime, né à Bordeaux en 1875, auteur de très nombreux ouvrages sur l’histoire de la Marine, notamment au plan local, André-Jacques Vovard a été président de la section historique de l’Académie de marine et membre de notre Académie. Le prix qui porte son nom récompense un ouvrage ou un travail sur l’histoire de la Marine ou sur le port de Bordeaux.

Ce prix est attribué cette année à Bernard Jimenez pour son ouvrage L’Expédition Lapérouse. Une aventure humaine et scientifique autour du monde aux éditions Glénat, en partenariat avec la Société de géographie.

En 1785 Louis XVI lance la plus grande expédition de découverte scientifique française dirigée par le comte de Lapérouse, sur les frégates La Boussole et L’Astrolabe avec des savants de toutes les spécialités, physiciens, astronomes, naturalistes, botanistes…
Bernard Jimenez, historien, voyageur, photographe, membre de la Société des explorateurs français nous entraîne dans le sillage de cette expédition. Il a alterné le travail d’historien sur les archives avec des voyages sur les lieux de l’expédition.
L’ouvrage est très richement illustré de photographies, de cartes et de dessins datant de l’expédition.

PRIX DU DOYEN JEAN DE FEYTAUD

Bernadette Bensaude-Vincent et Sacha Loeve
Carbone. Ses vies, ses œuvres
aux éditions du Seuil (Collection science ouverte)

Le prix du doyen Jean de Feytaud distingue l’auteur d’un ouvrage ou d’une œuvre, de travaux ou de recherches dans le domaine de la biologie ou de l’environnement. Jean de Feytaud était docteur en médecine et docteur ès sciences, titulaire à partir de 1932 de la chaire de zoologie et de physiologie animale de l’Université de Bordeaux et membre de l’Académie de Bordeaux.

Ce prix du doyen Jean de Feytaud est attribué cette année à Bernadette Bensaude-Vincent et Sacha Loeve pour leur ouvrage Carbone, ses vies, ses œuvres paru aux éditions du Seuil.

Né d’une fusion nucléaire générée par les étoiles, le carbone alimente aussi bien la mythologie, que la poésie, l’économie, ou la philosophie.
C’est sous forme de récits autobiographiques que les auteurs content, d’une manière originale, la vie et les œuvres de cette molécule essentielle pour notre planète et la vie sur terre.

Bernadette Bensaude-Vincent est une philosophe, historienne des sciences. Ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de philosophie et docteur ès lettres et sciences humaines, Bernadette Bensaude-Vincent est professeur à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est membre de plusieurs comités d’éthique, INRA, IFREMER, CNRS et membre de l’Institut universitaire de France.
Sacha Loeve est agrégé de philosophie, docteur en épistémologie, professeur d’histoire des sciences et des techniques de l’université de Paris-Ouest Nanterre. Ses recherches s’inscrivent dans la philosophie des techniques et de la technologie, et concernent aussi bien les nanotechnologies, que la pharmacologie, la biologie de synthèse, les biotechnologies moléculaires, les imprimantes 3D et bien sûr le carbone.

Madame Bernadette Bensaude-Vincent et  monsieur Sacha Loeve n’ayant pu assister à cette remise des prix, ils avaient adressé un texte de remerciements qui a été lu par le secrétaire perpétuel.

PRIX CHASSIN DUFOURG

Société historique et archéologique de Libourne
Le Libournais et la Première guerre mondiale
sous la direction de Christophe-Luc Robin, président de la Société

Le général de corps aérien Lionel Max Chassin a fait une brillante carrière dans l’armée de l’Air. Il a été membre de notre Académie de 1950 à 1955. Le colonel de réserve Robert Dufourg en a été pour sa part le secrétaire perpétuel de 1973 à 1987. Le prix qui porte leurs noms, institué en 1956, est un prix d’histoire militaire sur un sujet national, régional ou local.

Ce prix récompense cette année la Société historique et archéologique de Libourne pour Le Libournais et la Première guerre mondiale publié dans la Revue Historique et Archéologique du Libournais et de la vallée de la Dordogne, sous la direction de Christophe-Luc Robin, président de cette Société.

Alors que s’achève le cycle de commémoration du centenaire de la Grande Guerre, la Société Historique et Archéologique de Libourne (SHAL) a consacré un numéro spécial de sa revue à son impact sur le Libournais à travers sept études portant sur des figures locales emblématiques, tels le charismatique et héroïque abbé Bergey, le capitaine Jean Bigot, fantassin devenu as de l’aviation, le soldat coutrillon Léon Malville et son terrible destin, ou encore les fortunes diverses des généraux libournais engagés dans la guerre. Sont décryptés encore le rôle des hôpitaux militaires et civils de Libourne, le sort de près de deux millions de réfugiés à la fin de la guerre, l’histoire exhaustive des noms inscrits sur le monument aux morts de Saint-Emilion, ou enfin le destin des familles touchées par la guerre à travers une monographie d’une famille locale, la famille Bordier. S’appuyant sur des archives souvent inédites telles que témoignages écrits, documents photographiques, provenant de fonds publics ou privés, la SHAL met en évidence le lien entre l’histoire locale et l’histoire générale, et la contribution des Libournais à cette guerre cruelle.

Ce prix Chassin Dufourg a été remis à monsieur Christophe-Luc Robin par le général Gilles Robert, membre résidant de l’Académie.

PRIX JACQUES PAUL

Martine Laporte
Escale. Sur les routes du ciel de Latécoère à Air France
aux éditions Michel Lafon

Ingénieur de l’école centrale des Arts et Manufactures, membre de notre Académie de 1972 à 1991, Jacques Paul était l’auteur d’ouvrages sur Gustave Eiffel et sur l’histoire des ingénieurs. Il s’était aussi intéressé à l’histoire locale, avec notamment un livre sur la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles. Le prix portant son nom récompense un ouvrage consacré à l’histoire ou à l’avenir des technologies de l’aéronautique et de l’astronautique, de la défense ou de l’énergie.

Ce prix est décerné pour cette année 2019 à Martine Laporte pour son ouvrage Escale. Sur les routes du ciel de Latécoère à Air France aux éditions Michel Lafon.

Il y a tout juste un siècle Pierre Latécoère, industriel visionnaire, créait le 1er septembre 1919 une ligne aérienne postale vers les colonies françaises d’Afrique et vers les pays d’Amérique du Sud, jusqu’au Chili. Le livre de Martine Laporte conte la saga de cette Aéropostale, avec ses grands noms, Mermoz, Pierre Guillaumet, Adrienne Rolland, mais aussi tous ses acteurs, pilotes, navigateurs, radios, chefs d’escale, mécaniciens qui contribuèrent à forger ce mythe.

Passionnée d’aviation, Martine Laporte est membre du conseil de la Fondation Latécoère. Elle s’attache à répertorier et à mettre en valeur les archives de cette Fondation. Elle a fait de très nombreux voyages en Amérique du Sud sur les traces de l’Aéropostale qu’elle présente dans ce très bel ouvrage.

Ce prix Jacques Paul a été remis par monsieur François Courtot, membre résidant de l’Académie.


PRIX LOUIS DESGRAVES

Frédéric Candelon-Boudet pour sa thèse
Commander au long cours depuis la Guyenne. Les capitaines de navires bordelais au XVIIIe siècle

Louis Desgraves, bibliothécaire et historien, né en 1921, membre de notre Académie à partir de 1955, est à l’origine de ce prix destiné à un ouvrage consacré à l’histoire du livre, à celle des Lumières ou à l’histoire de Bordeaux.

Ce prix Louis Desgraves est décerné cette année à Frédéric Candelon-Boudet pour sa thèse d’histoire moderne, soutenue à l’Ecole doctorale de Montaigne Humanités de l’université Bordeaux Montaigne, intitulée Commander au long cours depuis la Guyenne. Les capitaines de navires bordelais au XVIIIe siècle.

Cette thèse de 953 pages et 80 pages d’annexes, étudie près de 2 000 capitaines de navires ayant servi à Bordeaux au XVIIIe siècle. Comment devenait-on capitaine ? Quelles étaient leurs origines sociales ? Quelles étaient les activités des navires qu’ils commandaient ? Ces capitaines servaient essentiellement au long cours vers les Antilles et dans la traite négrière. Plus de la moitié d’entre eux, après 1730, étaient nés à Bordeaux et la Guyenne fournissait un très fort contingent.

Cette thèse de Frédéric Candelon-Boudet, professeur au collège de Muret et chargé de cours à l’université Bordeaux Montaigne, constitue un travail considérable, tout à fait nouveau et qui apprend beaucoup sur le passé de Bordeaux.

Ce prix Louis Desgraves a été remis par monsieur Jean-Pierre Poussou, membre résidant de l’Académie.

PRIX DU PATRIMOINE

Patrick Palem président
Société nouvelle de conservation et de restauration archéologique (SOCRA)

L’Académie a choisi d’honorer cette année d’un prix du patrimoine la Société nouvelle de conservation et de restauration archéologique (SOCRA) située à Marsac sur l’Isle, en Dordogne.

La SOCRA est spécialisée depuis 28 ans dans la restauration d’ouvrages d’art. Elle travaille à la fois sur les monuments historiques, les œuvres d’art et les vestiges archéologiques, avec la restauration des décors en pierre, de la statuaire des métaux les plus divers, des décors en mosaïques… Elle mène des études techniques puis intervient sur place ou dans ses ateliers. Avec son expérience acquise au fil des années, sur des monuments ou des œuvres particulièrement emblématiques, la SOCRA a acquis une grande notoriété dans le domaine de la conservation du patrimoine Son effectif de plusieurs dizaines de salariés comprend des spécialistes de toutes les techniques, passionnés par leur travail.

Parmi les réalisations de ces dernières années, citons les colonnes rostrales de la place des Quinconces, les statues de l’Opéra de Paris, l’archange du Mont Saint-Michel, la participation à la rénovation de la Galerie des glaces du château de Versailles et bien sûr les douze apôtres au pied de la Flèche de Notre-Dame de Paris, descendus et envoyés pour restauration aux ateliers de la SOCRA quatre jours avant l’incendie.

Ce prix du patrimoine a été remis par la présidente de l’Académie à monsieur Patrick Palem qui dirige la SOCRA depuis 1994 ; il a emmené cette société à un très haut niveau technique et à une réputation exceptionnelle dans le domaine de la conservation et de la rénovation de notre patrimoine.

PRIX GUY LASSERRE

Jacques Frémeaux
Algérie 1830-1914. Naissance et destin d’une colonie
aux éditions Desclée de Brouwer

Guy Lasserre (1920-2001), géographe, fut professeur à l’université de Bordeaux et directeur du Centre d’études de géographie tropicale du CNRS. Son prix récompense l’auteur d’un ouvrage consacré aux récits de voyages ou à l’histoire de la France d’Outre-mer.

Ce prix couronne cette année Jacques Frémeaux pour son ouvrage Algérie 1830-1914. Naissance et destin d’une colonie aux éditions Desclée de Brouwer.

Jacques Frémeaux, né à Alger en 1949, professeur émérite de l’université de Paris Sorbonne, est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire coloniale française aux XIXe et XXe siècles.
Son ouvrage Algérie 1830-1914. Naissance et destin d’une colonie montre combien l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle avait toutes les chances de déboucher à terme sur une impasse dans la mesure où il y eut conquête et soumission d’une population nombreuse qui restait en 1914 encore très largement à l’écart des normes et des formes de vie européennes. Il retrace ainsi l’histoire agitée de cette colonie, sans omettre les réussites indéniables de la présence française.

Jacques Frémeaux avait débuté par une thèse consacrée aux Bureaux arabes dans la province d’Alger (1844-1856), il est maintenant l’auteur d’une œuvre considérable dont deux grands ouvrages de synthèse : en 2002 Les Empires coloniaux dans le processus de mondialisation et en 2010 De quoi fut fait l’Empire : les guerres coloniales au XIXe siècle.

Ce prix Guy Lasserre a été remis le 12 mars 2020 par monsieur Jean-Pierre Poussou, membre résidant de l’Académie, à monsieur Alain Lardillier représentant monsieur Jacques Frémeaux qui n’avait pas pu se déplacer.

PRIX DES ARTS

Emmanuelle Polack
Le marché de l’art sous l’Occupation
aux éditions Tallandier

Le prix des arts est décerné cette année à madame Emmanuelle Polack pour son livre Le Marché de l’Art sous l’Occupation aux éditions Tallandier.

La question délicate du commerce de l’art sous l’Occupation bénéficie aujourd’hui de l’ouverture de nouvelles archives inaccessibles jusqu’à présent : celles du ministère des Affaires étrangères, des commissaires-priseurs à la Mairie de Paris, ainsi que celles de la galerie Paul Rosenberg prises par les Allemands en 1940, évacuées de Berlin par les troupes russes, rétrocédées récemment après avoir été tenues au secret sous le régime de l’URSS, ou encore celles du galeriste Pierre Loeb à l’Institut national d’histoire de l’Art… Cette question est également redevenue d’actualité avec les travaux de la commission Mattéoli. Emmanuelle Polack a pu consulter toutes ces sources qui lui ont permis d’enrichir les travaux qu’elle avait déjà menés dans ce domaine.

Emmanuelle Polack, docteur en histoire de l’art, est spécialiste de cette question de l’art sous l’Occupation et des recherches sur la provenance des œuvres volées lors de la Seconde Guerre mondiale. Experte internationale, lauréate du prix Berthe Weil pour la recherche, destiné à encourager la recherche sur l’art ou l’émancipation des femmes par l’art, Emmanuelle Polak est responsable des archives du Musée des monuments français au sein de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et chercheuse associée à l’Institut national d’histoire de l’art. Elle vient de rejoindre la direction de la recherche et des collections du musée du Louvre pour enquêter sur les acquisitions du musée entre 1933 et 1945 et pour vérifier la provenance des œuvres.

PRIX DE MUSIQUE

Pascale Melani
Journal du maître de ballet des Théâtres Impériaux Marius Petipa
édité par la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine

Le prix de musique couronne l’ouvrage Journal du maître de ballet des Théâtres Impériaux Marius Petipa traduit du russe et présenté par Pascale Melani, édité par la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine.

Né à Marseille en 1818, Marius Petipa a été danseur puis maître de ballet à Saint-Pétersbourg. Son journal, rédigé au cours des dernières années de sa vie (1903-1907), dévoile le quotidien de l’illustre chorégraphe, décédé en 1910. Il nous révèle les coulisses du Ballet impérial et éclaire la vie d’un Français en Russie au début du XXe siècle. Marius Petipa avait dirigé les ballets de l’opéra de Bordeaux au début de sa carrière puis était revenu pour la saison 1843-1844.

Pascale Melani, ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, docteur en langue et littérature russes, est professeur en études slaves à l’université Bordeaux Montaigne. Son enseignement porte sur la littérature et la culture russes notamment dans les spectacles : théâtre, opéra, danse, cinéma. Elle mène des recherches en particulier sur l’histoire de l’opéra et de la vie musicale en Russie.

Ce prix de musique a été remis par la présidente de l’Académie.

PRIX DU BARON PHILIPPE DE ROTHSCHILD

Yves-Marie Bercé
Les secrets du vin
aux éditions de la librairie Vuibert

Le baron Philippe de Rothschild a été membre de l’Académie de Bordeaux de 1973 à 1988. Il avait institué un prix destiné à couronner un ouvrage consacré à l’histoire ou à la célébration du vin.

Cette année ce prix du baron Philippe de Rothschild est remis à Yves Marie Bercé pour son ouvrage Les secrets du vin édité par la Librairie Vuibert.

Yves-Marie Bercé, professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne, ancien directeur de l’Ecole nationale des Chartes, est un historien brillant et connu à l’étranger. Son domaine de prédilection a été l’étude des révoltes populaires à l’époque moderne. Notre Académie avait d’ailleurs couronné son talent en lui décernant son Grand prix en 2015.

Cette fois, c’est à l’histoire du vin et des vignobles qu’il consacre un texte aussi brillant que bien documenté. Partant des origines pour arriver jusqu’à nos jours, présenté en une trentaine de séquences de huit à dix pages, l’ouvrage d’Yves-Marie Bercé est très plaisant. Non seulement il ne laisse de côté aucun grand vignoble, mais il apporte au lecteur de véritables découvertes, par exemple sur les Malvoisies ou le Montefiascone, ou encore sur le Constance. Le chapitre consacré aux vins de Paris est une mise au point très sûre. La poésie est également présente lorsqu’il s’agit de vanter le Jurançon 93 aux couleurs de maïs et de rappeler le souvenir de Paul-Jean Toulet, un de nos grands poètes, trop peu connu. Les secrets du vin est un de ces ouvrages que l’on souhaiterait avoir écrit !

Ce prix a été remis à monsieur Yves-Marie Bercé lors de la séance du 12 mars 2020 par monsieur Philippe Sereys de Rothschild, président du Conseil de surveillance de la SA Château Mouton Rothschild, qui dote ce prix en nature.

PRIX SPÉCIAL

Pierre Avenas
La prodigieuse histoire du nom des éléments
aux éditions EDP Sciences avec le soutien de la Société chimique de France

Un prix spécial est attribué à Pierre Avenas pour son ouvrage La prodigieuse histoire du nom des éléments paru aux éditions EDP Sciences avec le soutien de la Société chimique de France.

Lorsque Dimitri Mendéleïev a construit son célèbre tableau des éléments il y a cent cinquante ans, une soixantaine d’éléments, sur 120, étaient alors connus. Chaque case laissée vide a effectivement conduit ensuite à la découverte d’un nouvel élément au cours des deux derniers siècles. Ces découvertes constituent le fil rouge de cet ouvrage.
Le lecteur découvre que leurs noms sont souvent révélateurs de la vie sociale et culturelle de l’époque, des rêves comme des avancées technologiques. Ceci nous emmène dans des mondes multiples, nature, histoire,     astronomie, littérature et même dans la mythologie et ses légendes.

Pierre Avenas, ingénieur des Mines et ancien directeur Recherches et développement chez Total, publie régulièrement depuis 2012 une rubrique étymologique dans la revue de la Société chimique de France, avec la collaboration de Minh-Thu Dinh-Audouin, journaliste scientifique.

Ce prix spécial a été remis lors de la séance du 12 mars 2020 à monsieur Pierre Avenas par monsieur Michel Pouchard, membre résidant de l’Académie et membre de l’Académie des sciences.

PRIX DE L’INNOVATION SCIENTIFIQUE

Lucile Capuron
directrice de recherches
Laboratoire de nutrition et de neurobiologie intégrée de Bordeaux

L’Académie a souhaité dorénavant récompenser chaque année un lauréat dans le domaine de l’innovation scientifique pour mettre en valeur des chercheurs, des laboratoires ou des travaux.

Ce prix de l’innovation scientifique est décerné pour cette première fois à Lucile Capuron, directrice de recherches au Laboratoire de Nutrition et Neurobiologie Intégrée, unité mixte de recherche sous tutelle de l’INRA et de l’université de Bordeaux. Ce laboratoire, qui compte 80 chercheurs, mène des travaux de recherches pluridisciplinaires qui répondent à des enjeux sociétaux importants : comprendre comment la nutrition influence le fonctionnement du cerveau…

Les recherches de Lucile Capuron visent à une meilleure compréhension des maladies mentales et à une meilleure prise en charge des patients. Elles s’intéressent en particulier au rôle de l’inflammation dans certaines formes de dépression.

Docteur en psychologie, Lucile Capuron est également professeure associée au Département de psychiatrie et de sciences du comportement de l’université de médecine d’Atlanta. Elle a obtenu le prix Marcel Dassault 2018 pour ses recherches sur les maladies mentales.

Ce nouveau prix de l’innovation sera officiellement remis à l’occasion d’une séance exceptionnelle courant  2020 ; la présentation des travaux de madame Lucile Capuron sera suivie d’une communication de communication de madame Violaine Giacomotto-Charra, directrice du Centre Montaigne de l’université Bordeaux Montaigne : Révolution de l’imprimé et renouveau des sciences à la Renaissance : le livre, un nouvel espace pour dire la science.