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PRIX 2014 DE L’ACADÉMIE

La distribution solennelle des prix de l’Académie nationale des sciences belles-lettres et arts de Bordeaux pour l’année 2014 s’est déroulée le jeudi 18 décembre 2014, à l’occasion de la séance de fin d’année de l’Académie.
Selon la tradition, c’est au Secrétaire perpétuel, madame Séverine Pacteau de Luze, qu’il revenait de présenter les ouvrages distingués, d’appeler les lauréats et de leur remettre leur diplôme.
Au total, dix-sept prix, dont trois prix spéciaux, ont été décernés, les lauréats ayant été sélectionnés lors de la commission annuelle des prix, qui, comme les années précédentes, avait été présidée par monsieur Henri de Grandmaison, membre résidant.

Grand prix de l’Académie
Ce grand prix a été remis au professeur Michel Haïssaguerre pour son œuvre, ses découvertes et ses travaux sur les fibrillations auriculaire et ventriculaire.
Michel Haïssaguerre est chef du service de cardiologie de l’hôpital Haut Lévêque à Bordeaux et il dirige l’Institut hospitalo-universitaire de rythmologie et de modélisation cardiaque. Ses recherches et ses travaux ont permis de mieux comprendre et de soigner les dysfonctionnements électriques du cœur, de mettre au point des thérapies pour lutter contre les insuffisances cardiaques et prévenir les morts subites. Le professeur Michel Haïssaguerre est membre de l’Académie des sciences, de l’Académie de médecine et de nombreuses autres sociétés de cardiologie. Il publie dans une quinzaine de revues scientifiques de haut niveau et figure parmi les chercheurs en cardiologie les plus cités et les plus primés dans le monde : il a reçu dix-sept prix depuis 1982.

Prix d’histoire Arlette et Charles Higounet
Joan Mattalia a été récompensé pour sa thèse sur Les établissements des ordres religieux et militaires aux XIIe et XIIIe siècles dans les diocèses de Cahors, Rodez et Albi ; approches archéologique et historique.
Cette thèse a été soutenue en 2013 à l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail. Ce choix illustre la volonté de l’Académie de Bordeaux de resserrer ses liens avec Toulouse et son Académie.
L’auteur a recensé 70 commanderies templières et hospitalières dans l’aire qu’il a retenue : sa thèse étudie leur stratégie d’implantation, l’organisation et la vocation de ces établissements, leur dimension économique ainsi que les différents types d’architecture de ces commanderies.
Ce prix est doté par la Fondation Arlette et Charles Higounet.

Prix de l’Office du tourisme
Il a été remis à Sylvain Smague pour son ouvrage intitulé Toulouse-Lautrec en vacances (L’horizon chimérique) qui reconstitue, après douze années de recherches, toute la chronologie en détail des séjours du peintre en Gironde, dans son château de Malromé, ses vacances à Arcachon, ses passages à Bordeaux. L’auteur a aussi identifié les œuvres de Toulouse-Lautrec qui sont ainsi liées à la région bordelaise.
Ce prix est doté par l’Office du tourisme.

Prix du général Chassin-Dufourg
Le Corps franc Pommiès ; une armée dans la Résistance de Jean-André Pommiès aux Editions Privat a reçu ce prix. L’auteur retrace dans son livre l’action dans la Résistance de son père, le commandant André Pommiès, qui recruta entre 1942 et 1944 plus de 12 000 hommes. Ils formèrent le Corps franc Pommiès, qui participa à la libération de tout le Sud-ouest, puis qui poursuivit son action aux côtés de l’armée française jusqu’en Allemagne, fait unique dans l’histoire de la Résistance. Cet ouvrage, remarquablement documenté, retrace ainsi une épopée exceptionnelle et honore la mémoire d’une grande figure de la Résistance

Prix Brives-Cazes
Ce prix a été décerné à l’ouvrage collectif de Louis Cullen, John Sholvin et Thomas Truxes The Bordeaux – Dublin letters, 1757, Correspondence of an irish community abroad.
En 2011, un lot de 150 lettres envoyées par la communauté irlandaise de Bordeaux aux parents, amis et partenaires commerciaux en Irlande a été découvert dans les archives britanniques : ces lettres n’avaient jamais été exploitées.
Le travail des trois universitaires anglo-saxons sur ces lettres est un document passionnant sur la vie quotidienne en France et en Irlande au XVIIIe, sur les échanges économiques entre Bordeaux et l’Irlande, sur les relations entre les membres de ces familles irlandaises vivant à Bordeaux.
Cet ouvrage, publié par la prestigieuse British Academy, est cosigné par trois universitaires anglo-saxons, un professeur du Trinity College de Dublin et deux qui enseignent à New York. Il convient de noter que c’est la première fois que l’Académie de Bordeaux couronne un ouvrage qui n’est pas publié en Français.

Prix Guy Lasserre
Yves Péhaut, professeur émérite de géographie à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux III, ancien élève et collègue de Guy Lasserre, a reçu ce prix pour son livre La société Maurel et Prom (La Sénégalaise) à Bordeaux de 1822 à 1919, édité par les Presses universitaires de Bordeaux.
L’ouvrage, élaboré à partir de sources jamais dépouillées, retrace de manière très vivante, concrète et détaillée, un siècle de la vie d’une grande entreprise spécialisée dans les relations commerciales avec le Sénégal, la société Maurel et Prom. Elle était la plus importante de ces sociétés baptisées Les Sénégalaises qui contribuèrent beaucoup à la richesse économique de Bordeaux au XIXe siècle.

Prix Louis Desgraves
Il a été attribué à l’ouvrage de Philippe Maffre, Construire à Bordeaux au XVIIIe siècle. Les frères Laclotte, architectes en société.
L’œuvre des trois frères Laclotte est mal connue alors que leur contribution à l’architecture bordelaise au XVIIIe siècle a été considérable. L’auteur leur rend justice en mettant en valeur toutes leurs réalisations : aménagement de quartiers entiers, simples échoppes, hôtels particuliers, châteaux, maisons de campagne, le tout avec un travail de très grande qualité, marqué par un style original et des solutions décoratives novatrices. Les frères Laclotte savaient s’adapter aux besoins et aux goûts de toute la clientèle privée bordelaise de l’époque.
Cet ouvrage a été édité par la Société archéologique de Bordeaux.

Prix Edmond Bastide
La Société archéologique de Bordeaux a été honorée cette année de ce prix Edmond Bastide. Née en 1873, l’histoire de cette Société s’inscrit dans le développement considérable des sociétés savantes au XIXe siècle. La Société archéologique de Bordeaux est toujours restée fidèle à ses missions : étudier, faire connaître et protéger. Son originalité réside dans l’importance qu’elle donne aux publications. La Revue de la Société archéologique en est aujourd’hui à son 103ème numéro. Son engagement éditorial est également très important, avec de nombreux ouvrages, notamment sur le patrimoine de la Gironde. L’attribution cette année du prix Louis Desgraves (Cf ci-dessus) à un livre édité par la Société archéologique de Bordeaux en est le dernier exemple.

Prix André Vovard
Ce prix a été décerné pour la deuxième fois à Bruno Marnot, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de La Rochelle, pour son ouvrage intitulé Le refus du déclin : le port de Bordeaux au XIXe siècle, édité aux Presses universitaires de Bordeaux.
Ce livre vient combler une lacune de l’historiographie du port de Bordeaux et balayer des préjugés sur la situation économique du port au XIXe siècle et au début du XXe. Il décrit avec une documentation exceptionnelle l’alternance des différentes périodes, celles de belles croissances, notamment au Second empire, et celles de difficultés. Au-delà de l’histoire économique, l’ouvrage du professeur Bruno Marnot traite aussi des aménagements portuaires et du fonctionnement du port.

Prix Fernand Daguin
Le prix Fernand Daguin a récompensé cette année Laurent Londeix, docteur es sciences, universitaire talentueux, dont les travaux scientifiques concernent les reconstitutions paléo-environnementales de nombreux étages de la chronologie géologique de l’Aquitaine.
Chercheur de l’Université de Bordeaux, enseignant, il s’est spécialisé dans la caractérisation des facteurs intervenant dans la définition des anciens milieux de sédimentation. Laurent Londeix a publié de nombreux travaux originaux et dirige des investigations à caractère multidisciplinaire sur la géologie régionale.

Prix Baron Philippe de Rothschild
L’Académie a fait une exception à la règle : le livre de Jane Anson, Elixirs. Premiers grands crus classés 1855. Châteaux Haut-Brion, Lafite-Rothschild, Latour, Margaux, Mouton-Rothschild, aux Editions de La Martinière, est en effet une traduction.
Jane Anson est professeur à l’Ecole du vin de Bordeaux et correspondante de plusieurs magazines de vin dont The decanter. Elle a rédigé une douzaine de guides, notamment sur le Sud-Ouest.
Elixirs est un très beau livre, par l’élégance de son édition, la richesse de ses illustrations, c’est aussi un livre d’histoire nourri par les archives de cinq Châteaux prestigieux. C’est également un ouvrage d’œnologue qui traite des techniques vinicoles passées et présentes, des moyens de production pour conquérir et conserver les marchés. Jane Anson fait ainsi partager son amour du vin.
Ce prix Baron Philippe de Rothschild, qui est doté, a été remis à l’auteur par madame Camille de Rothschild.

Prix Fondation du patrimoine
Jean Pierre Voltaron, qui se consacre à l’histoire des télécommunications, a reçu ce prix pour son ouvrage Le télégraphe Chappe en Lot-et-Garonne. L’auteur, qui a passé 25 années de son activité professionnelle dans les PTT du Lot-et-Garonne, s’est passionné pour la recherche des derniers vestiges dans le département du télégraphe Chappe, inventé en 1792, qui permettait de transmettre les nouvelles gouvernementales entre Toulouse, Bordeaux et Paris.
Jean Pierre Voltaron a écrit ce livre avec l’objectif de contribuer à la rénovation des cinq dernières tours, vestiges du dispositif télégraphe Chappe dans le Lot-et-Garonne.
Ce prix est doté par la Fondation du patrimoine.

Prix Découverte des arts
Aurélien Delage, claveciniste, organiste et flûtiste, a reçu ce prix Découverte des arts. Formé au Conservatoire national de musique, il est professeur au Conservatoire de Bordeaux et il enseigne à l’étranger. Il se produit dans des concerts, en récitals dans de nombreux pays. Il est également amateur d’instruments anciens et collabore avec le musée de la Musique à Paris.  Aurélien Delage a découvert des partitions inédites d’organistes bordelais du XVIIIe siècle qu’il fait connaître au grand public.

Prix Découverte Jeunes chercheurs
La thèse de doctorat en histoire d’Emilie Champion Le maréchal-duc de Richelieu, un homme de pouvoir et de guerre au siècle des Lumières a été couronnée de ce prix Découverte Jeunes chercheurs pour 2015.
Cette thèse, soutenue le 17 juin 2014, devant l’Université de Bordeaux Montaigne, est un travail considérable sur un personnage mal connu, gouverneur de la Guyenne de 1754 à sa mort en 1788.
Emilie Champion y traite de manière très approfondie des différents aspects de la vie et de la personnalité  du maréchal de Richelieu : le chef militaire, le gouverneur, le courtisan très proche du pouvoir, mais elle apporte aussi des éclairages plus intimistes sur le collectionneur, ou encore sur le libertin et ses relations avec les femmes.
Il s’agit là d’un travail considérable, de plus de 1000 pages, et de très grande qualité. La thèse d’Emilie Champion permet ainsi de mieux connaître un personnage qui a tenu une grande place dans l’histoire de la Guyenne et de Bordeaux.

Prix spécial
L’attribution de ce prix spécial, là aussi, est une grande première puisqu’il récompense une bande dessinée, Prévert inventeur, réalisée par le scénariste bordelais Hervé Bourhis et le dessinateur Christian Cailleaux.
L’Académie de Bordeaux récompense donc pour la première fois un mode de création qui a conquis peu à peu ses lettres de noblesse et qui compte un très large public, en particulier chez les jeunes. La bande dessinée choisie rejoint un des thèmes classiques d’intérêt des Académies, celui de la littérature. Elle fait le récit au jour le jour de la vie de Jacques Prévert, retraçant son œuvre tout en  mettant en scène son entourage.
Avec un dessin très élégant, cette bande dessinée est une évocation originale et poétique de Prévert et du milieu de cette Bohême parisienne dont il faisait partie.

Prix spécial
L’Académie a tenu à honorer cette année d’un prix spécial l’historien Jean-François Labourdette pour l’ensemble de son œuvre et notamment pour son dernier ouvrage Charles IX et la puissance espagnole. Diplomaties et guerres civiles. 1563-1574.
Jean-François Labourdette est professeur émérite de l’Université Charles de Gaulle Lille III, mais il est aussi un authentique bordelais : il a fait une partie de ses études à Bordeaux, il fréquente régulièrement la région.
Ses ouvrages d’histoire sont nombreux et de très grande qualité ; ils abordent aussi bien la seconde moitié du XVIe siècle que le XVIIIe. Citons Vergennes, ministre principal de Louis XVI, une Histoire du Portugal, Philippe V, réformateur de l’Espagne, ainsi que de nombreuses études sur le Portugal. Il convient aussi de distinguer son dernier ouvrage, en cours d’édition, sur Charles IX et la puissance espagnole, montrant sous un jour peu connu le roi Charles IX, celui d’un grand diplomate.
Jean-François Labourdette a été couronné à deux reprises par l’Académie française.

Prix spécial
Un prix spécial a été remis à Antoinette Ehrard pour son ouvrage Portraits de Montesquieu. Répertoire analytique, édité aux Presses universitaires de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.
Montesquieu n’accepta que deux fois de se faire portraiturer, la première fois pour le grand tableau qui se trouve dans les salons de l’Académie, la seconde fois par le médailler suisse Antoine Dassier. Mais par la suite l’écrivain et philosophe a fait l’objet d’une très abondante iconographie posthume.
Antoinette Ehrard, historienne de l’art, spécialisée dans la représentation des grands hommes de l’histoire de France, a eu l’heureuse idée de constituer un répertoire exhaustif des effigies de Montesquieu, peintures, gravures, caricatures, sculptures, bustes, médailles, toutes classées chronologiquement, analysées avec soin, localisées et photographiées.
L’ensemble présentant ce travail original sur Montesquieu, forme un très beau livre, de qualité, parfaitement illustré.